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lundi 26 décembre 2016

La tentation de réécrire l'histoire

Les réseaux sociaux sont devenus en quelques années un gigantesque fourre tout où s'échangent et se partagent des millions de photographies et illustrations hors de tout contrôle. Il manque à beaucoup d'utilisateur d'internet une culture de l'image suffisante pour s'y retrouver. En une vingtaine d'année, nous avons tous plus ou moins prit conscience que, photoshop aidant, l'image ne pouvait a elle seul être une preuve de quoi que ce soit. Néanmoins, cela n'empêche pas les abus, mensonges et désinformations illustrées de circuler quotidiennement.
Il faut reconnaître que les professionnelles de l'image aussi sont parfois tentés de tricher avec la réalité pour illustrer un fait de manière pas toujours très réel. Les exemples ne manquent pas de photographes ayant supprimé un détail déplaisant sur une image avant de la diffuser comme authentique. S'ils ont des états d'âme dès lors qu'ils sont démasqués, ce n'est pas le cas pour les millions d'internautes qui n'ont pas l'éthique d'une profession comme garde fou. Les stars du net, incapable d'affronter la réalité en face, font continuellement usage de la retouche pour publier des clichés d'eux même à la perfection "artificielle" (ou devrais-je dire superficielle), donnant ainsi une impression de normalité à la tricherie photographique. A tel point que présenter des photographies sans artifice parait décevant pour les spectateurs.
Toutefois, débusquer une retouche est souvent plus facile qu'il n'y paraît. La très grande majorité des photoshopeurs professionnels ou non laissent bien involontairement toutes sorte d'indices de leur méfait dans leurs travaux. Steve Mc Curry en a fait les frais cette année. Ce qui a au moins le mérite de susciter de nouveaux articles pour les mettre en évidence : créer un buzz avec une image truquée ou créer en buzz en dénonçant le truquage, ça permet de doubler le buzz pour un même sujet. Comme dirait un ancien président français hyperactif, peut importe ce que l'on dit de vous, du moment que l'on parle de vous chaque jour...

A côté des tricheurs par photoshop, on trouve une autre forme de tricherie, plus sournoise. Elle consiste à diffuser une photographie sortie de son contexte et mal légendée afin de lui faire dire autre chose que ce qu'elle montre. La diffusion des images est tellement rapide que plus personne ne prend le temps de remonter à la source du cliché et la désinformation fonctionne alors à plein régime. La fachosphère est friande de la chose. Elle rend dès lors complice de ses forfaits l'ensemble des internautes qui like et partagent sans jamais rien vérifier. Il semble que nous n'ayons pas encore pleinement prit conscience que les réseaux sociaux, contrairement aux média traditionnels diffusent du contenu sans vérification des sources ni authentification du contenu. Il est facile de créer du contenu sensationnel et révoltant pour favoriser sa diffusion massive et instantanée. Certaines agences de communication en ont fait leur fond de commerce. La récente élection présidentielle américaine en a donné un triste exemple : les articles Facebook mensongers ont davantage été partagés que les articles de fond donnant de vraies informations... s'il on en croit le journal Le Monde. Puis les démentis rétablissant la vérité n'ont tout simplement pas été partagés, laissant les mensonges monopoliser l'espace médiatique.

Voici un autre type de manipulation photographiques qu'une de mes connaissances a tenu à me faire partager. La personne en question est plutôt intellectuelle, démocrate et républicaine. Elle reste pourtant totalement perméable aux manipulations d'extrême droite, au point d'en défendre vigoureusement les montages photographiques et réécriture de l'histoire alors même qu'elle dénoncerait sans hésiter tout discours ou texte fascisant. L'origine de la manipulation provient du site islamophobe et raciste "riposte laïque", dont je vous épargne le lien nauséabond.

La juxtaposition des photographies, dans le style "c'était mieux avant" sous entend au premier abord que l'Iran, c'était bien et normal (car occidentalisée) avant 1979. Mais qui d'entre nous a instantanément le recul nécessaire pour comprendre que l'on oppose ici une vue de la bourgeoisie iranienne sous la dictature sanglante du Chah avec une vue de la population modeste sous la dictature non moins sanglante et actuelle des fondamentalistes ?
Et cet autre cliché intitulé "respect du pays d'accueil" tire son caractère révoltant par le sous entendu du non respect des emblèmes nationales par les musulmans de France. Mais qui d'entre nous prendra le temps, dans sa révolte, de rechercher l'origine de ce cliché pour découvrir qu'il n'a pas été fait à Paris comme son titre le laisse entendre mais au Pakistan, à Lahore, lors d'une manifestation d'environ deux cents personnes contre les caricatures de Mahomet en 2006. Il n'y a pas que place de la République que l'on trouve des grilles et de la végétation en arrière plan des manifestations.

Aucun besoin de photoshop ici. Ces photographies ne sont pas truquées, seuls leurs légendes et intitulés sont mensongers afin de suscité notre révolte. La manipulation n'est pas dans l'image, mais elle est dans le discours qui l'accompagne.
Se forger une culture de l'image consiste d'abord à se forger un esprit critique. Il s'agit d'un effort intellectuel qui n'a rien d'inné et qui nécessite de passer un peu de temps en réflexion et recherches, chaque fois qu'une photographie suscite un sentiment de révolte. Un site comme hoaxbuster s'avère dans ce cas d'une aide précieuse. Google image sera aussi un allié efficace pour retrouver l'origine d'un cliché et ne plus se laisser devenir complice d'une ré-écriture permanente de l'histoire.
Enfin, on peut saluer l'initiative de Brian Feldman, journaliste sur le site Select-All, du New York Magazine et qui propose une extension pour chrome afin d'aider à débusquer les sites et articles mensongers (en téléchargement ici) tout en espérant que les sites francophones seront ajoutés à sa base de données. Google et Facebook commencent seulement à proposer de trier les informations pertinentes pour les différencier des propagandes mensongères. Toutefois, plutôt que de laisser des sociétés commerciales faire le tri à notre place, faisons preuve d'esprit critique par nous même, nous n'en serons que meilleur.

vendredi 9 décembre 2016

Incursion dans la macro

Pour un photographe, faire de la macro signifie utiliser une optique permettant de faire tenir 1 centimètre carré du monde réel sur un centimètre carré du capteur photo sensible. On parle alors de rapport 1/1. Malheureusement, les fabricants d'optiques, mal conseillés par leur spécialistes en marketing, ou peut être simplement un peu trop malhonnête, ont la fâcheuse habitude d'inscrire "MACRO" sur des rondelles de verre qui ne permettent pas un tel rapport de grossissement. Tout au plus trouve t-on fréquemment  des "MACRO" au rapport 0,5/1
On se retrouve donc fréquemment à pratiquer la macro avec du matériel peu adapté à l'exercice. C'est mon cas. Ce d'autant plus, que ce domaine si particulier de la photographie m'a durant longtemps parut inintéressant. Puis quelques bestioles ont attiré mon attention. Comme ce drôle d'insecte rouge qui fréquente la brousse burkinabè et qui s'avère être en réalité l'une des plus grosse variété d'acarien. Plus récemment, le combat sanglant et inégale entre une mouche et une fourmi à titiller le déclencheur de mon boitier. Ce fut le début d'une phase d'observation des milliers de petites bêbêtes qui peuplent les abords de nos habitations.


Papillon, Ouagadougou, le 27 octobre 2013
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 800

Acarien de la famille des Tetranychidae, Pâ, le 16 août 2015
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/800 s
                  ISO 400



Sauterelle multicolor, Pâ, le 16 août 2015
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/160 s
                  ISO 400


Combat, Ouagadougou, le 12 septembre 2016

                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 1 250


Un constat s'impose, il va sérieusement falloir investir dans du matériel plus adapté pour optimiser la qualité des prises de vue. Pour les utilisateurs CANON, il existe un drôle d'outil : le MP-E 65MM f/2.8 qui est assez unique dans son genre, puisqu'il ne fait QUE de la macro, avec un rapport d'agrandissement de 1/1 à 5/1. De quoi faire le portrait en gros plan d'une mouche. Il est à la fois génial et bourré de contraintes. Génial pour ses qualités optiques et son piqué, mais sans autre possibilité que de s'approcher plus ou moins du sujet pour effectuer la mise au point dont la profondeur de champ est de l'ordre du millimètre, voire moins, ce qui laisse présager de la difficulté de l'exercice. La distance de mise au point varie de 24 cm pour le rapport 1/1, à 5 cm pour le rapport 5/1. Il convient donc de choisir des sujets de prise de vue assez téméraires pour ne pas fuir à tire d'aile devant l'approche de l'objectif.  Il s'agit aussi d'une optique peu lumineuse surtout s'il on décide de fermer le diaphragme pour agrandir de quelques dixièmes de millimètres la zone de netteté. Lourd et très cher (environ 1100 euros), il ne faut pas s'attendre à la croiser souvent dans la besace d'un photographe.
Je ne désespère pas toutefois de partager un jour le résultat de travail d'un tel outil dans ce blog, si mes finances le permettent. En attendant, il faudra se contenter des fourmis un peu floues qui se chargent des miettes de mon repas et des mouches téméraires.

samedi 26 novembre 2016

Un visuel pour le FESPACO 2017


Le 25e FESPACO est la première véritable édition du festival entièrement organisée et budgétisé par la nouvelle équipe dirigeante du festival du cinéma burkinabè, depuis la chute de Blaise.
Il est tout de même regrettable qu'une institution culturelle, ayant une telle connaissance de l'image puisse accepter d'illustrer sa vingt cinquième édition avec une affiche aussi ratée. Le choix du visuel étant le résultat d'un concours, il faut donc admettre qu'il constitue le plus pertinent de ceux présentés.
L'idée de départ semble être que le baobab symbolise l'apprentissage. Pour ce faire, la résolution d'une photographie basse définition d'un baobab, détourée "à la truelle et au marteau" par un internaute français se nommant ou se faisant appeler François POMPON, a été gonflée, ainsi que les artéfacts jpeg, avant d'être réutilisée (sans l'accord de son auteur, qui lui même l'avais probablement récupéré sur le net, sans l'accord du photographe)... L'original détouré est visible sur le site deviantart.com en 1024x768 pixels. Le reste de l'affiche est un maladroit assemblage, dans le but de remplir coûte que coûte les espaces vides. Ainsi, le fond est constitué d'un empilement de symboles de l'ethnie AKAN de Côte d'Ivoire, issus du site internet afrikhepri.org. Les métiers du cinéma sont des icônes posées comme des taches sur les branches du baobab. On devine qu'elles proviennent également de multiples téléchargements, si bien qu'il ne se trouve aucune harmonie graphique entre elles.
Même les choix typographique trahissent l'amateurisme de la composition. Les dates utilisent la typo IMPACT. "Fespaco" est en HELVETICA black, tout comme "25e", mais dans une version écrasée, il fallait cela pour le faire tenir dans un cercle pourtant esthétiquement contestable. Pour le thème, on retrouve de l'Helvetica, sauf dans la traduction anglaise qui, allez savoir pourquoi, se transforme en une sorte de bookman surgras. Il est surprenant après tout ça de ne pas y trouver trace du Times...
Visuellement, l'ensemble apparait pauvre surchargé et déséquilibré. Le visuel manque de présence et il n'honore pas, ni la qualité du festival, ni les films qui s'y produisent. Lors des présentations à l'international, ce visuel desserre même grandement le Burkina Faso. Il ne faudrait pas trop toutefois blâmer son auteur. Il s'agit sans doute un autodidacte de la bidouille sur photoshop. Il s'agit surtout d'une victime du système éducatif burkinabè : en effet, il n'existe aucune école de Beaux Arts ou de graphisme pour apprendre le métier au Burkina Faso. La profession de graphiste regroupe donc essentiellement des bidouilleurs, qui se copient entres eux, quand ils ne se contentent pas de télécharger sur internet et qui passent à côté de la création sans jamais évoluer. De fait, ils ne maîtrisent que l'outil "truelle" de photoshop.
Il est regrettable que saisons après saisons, les institutions culturelles cautionnent ce bidouillage en le valorisant dans des concours et en communiquant à travers lui, donnant ainsi la fausse impression d'une normalité dans la médiocrité.
A chaque édition de la semaine nationale de la culture, on entend ainsi que la qualité des oeuvres graphiques ou photographiques présentées sont insuffisantes mais il en sera ainsi tant qu'il n'y aura pas d'avantages de moyens pour former les apprentis créateurs. Cette année, l'affiche du FESPACO constitue à elle seul un état des lieux de ce qu'est la création graphique au Burkina : un désert créatif possédant une connexion internet.
Que cela ne vous empêche pas de participer au festival cinématographique de Ouagadougou. Son visuel ne reflète en rien la variété des films présentés ni l'ambiance festive de la capitale durant huit jours. Il ne reflète pas non plus le dynamisme du FESPACO, en dépits des difficultés sociales et économiques du pays.

Alors oubliez l'affiche et appréciez les films entre bière fraîche et viande grillée.

mardi 15 novembre 2016

La lune du siècle

La lune du siècle n'est pas différente de celle de toutes les nuits. Tous juste fera t-elle quelques pixels de plus qu'à son accoutumée si vous tentez de la photographier en numérique. Pour ma part, résidant en ville, il ne m'est pas facile de réaliser de bonnes images, avec un panorama intéressant et sans trop de pollution lumineuse pour lui tirer le portrait. A moins de judicieusement profiter des délestages électriques...

Ouagadougou, le 22 novembre 2013
                  CANON EOS 60 D
                  Distance focale : 250 mm
                  f/8
                  1/250 s
                  ISO 100


Qui plus est, la pleine lune n'est pas le meilleur moment pour discerner les détails de son relief. Bien sur, sa rondeur et ses tâches l'ornent, mais elle parait alors bien plate lorsque la lumière du soleil la frappe de face. Pour révéler les détails de ses structures montagneuses, les quarts et les demis lunes, de part la lumière rasante, donnent un meilleur effet.


Ouagadougou, le 18 novembre 2013
                  CANON EOS 60 D
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/250 s
                  ISO 200


Alors puisque le lune est au plus proche de la Terre, si vous avez photographié sa rondeur ces jours-ci, ne vous arrêtez pas dans votre élan et poursuivez la prise de vue chaque nuit durant les deux semaines qui viennent afin de saisir son passage de la pleine lune à la nouvelle lune suivante. Chaque cliché révélera le reliefs de nouveaux cratères et l'ombre projetée des cimes. Mais attention, chaque soir, il faudra reculer l'heure de prise de vue de trente minutes à plus d'une heure pour l'avoir au même emplacement sur la voûte céleste.
Ouagadougou, le 6 novembre 2013
                  CANON EOS 60 D
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 200

Ouagadougou, le 10 novembre 2013
                  CANON EOS 60 D
                  Distance focale : 250 mm
                  f/8
                  1/200 s
                  ISO 100

J'ai réalisé cet exercice en 2013, en m'efforçant de toujours photographier la lune au zénith durant un mois. C'est l'un de ces clichés qui habille l'entête de ce blog. Si le premier cliché de la série avait été réalisé avant le couché du soleil, un mois plus tard, le dernier cliché fut fait aux premières lueurs du soleil matinal.

samedi 12 novembre 2016

Traiter un format raw en open source 2/2


Nous allons maintenant tester le développement raw avec les logiciels suivants : Ufraw, Digikam et Rawtherapee. A l'ouverture du fichier brut, des différences significatives apparaissent : Ufraw affiche une image très sombre, fortement contrastée et saturé en rouge. Le contraste est moins marqué avec Digikam et les couleurs plus naturelles. Rawtherapee semble appliquer des corrections dès l'affichage du fichier, si bien qu'il l'affiche moins sombre que tous les autres. Le rendu des couleurs est bon. Au niveau du bruit, Digikam et Rawtherapee sont à peu près équivalent. Seul Ufraw affiche un grain très fort et saturé en couleur ainsi qu'une surreprésentation des pixels chauds.

Image brute, affichée par Ufraw
Affichage de l'image brute 1/1 avec Ufraw
Image brute, affichée par Digikam
Affichage de l'image brute 1/1 avec Digikam
Image brute, affichée par RawTherapee
Affichage de l'image brute 1/1 avec RawTherapee
Passons maintenant au développement avec ces trois logiciels.

Ufraw (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v2)
(temps de traitement : plus de 30 mn avec de nombreux plantages)
Ne laissons pas planer le doute plus longtemps, le résultat sera le plus décevant de tous les logiciels testés. La température des couleurs se paramètre facilement mais la gestion du bruit se fait à grande peine : il faut choisir entre un flou excessif où la présence de pixels rebelles et disgracieux sur toutes les zones sombres. Les pixels chauds sont quasiment impossible à masquer sans rendre complètement flou le cliché. Et à moins de recourir à l'outil tampon sur Gimp, il resteront visibles. Les aberrations chromatiques sont nombreuses et nuisent au rendu de l'image, qui reste peu réaliste et semble alors provenir d'un boitier vieillissant et bas de gamme. Le boitier et l'optique sont pourtant correctement reconnus par le logiciel. Les corrections chromatiques ne sont accessible que par des courbes dont la précision est hasardeuse. La récupération des zones sombres ou claires est largement insuffisante. Il faut aussi tenir compte des multiples plantages du logiciel qui nécessitent de reprendre tous les réglages. Finalement, le temps de travail s'avère particulièrement long pour un résultat médiocre, trop contrasté et une présence de bruit sur fond d'image floue.
En conclusion, Ufraw traite les raw, mal et laborieusement. Il a le mérite d'offrir une reconnaissance des formats bruts pour utilisateurs de Gimp, mais, à mon grand regret, on attendra une version plus aboutie avant de lui confier des photographies professionnelles. A noter également que si Ufraw travaille en 16 bits par canal, une fois dans gimp, l'image n'est plus qu'en 8 bits par canal. Gimp 3.0 devrait un jour réparer cette injustice...

Image développée avec Ufraw
Affichage 1/1 de l'image développée avec Ufraw

Digikam (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v2)
(temps de traitement : 5 à 10 mn)
Il constitue la bonne surprise de ce test. Digikam, depuis qu'il permet le traitement des fichiers raw s'avère proche de lightroom (sans toutefois posséder la puissance du moteur camera raw). Bien qu'un peu lourd en ressource système (ce qui n'est pas surprenant pour l'affichage d'une photothèque raw), en complément de fonctionnalité de classement et d'archivage, sa gestion des formats bruts est efficace. La prise en main n'est certes pas immédiate mais ne présente pas de difficultés majeures. Mais la richesse des traitements de couleurs et des améliorations en 16 bits par couche en font un outil efficace, offrant un résultat bien supérieur à ce que permet Ufraw.
Je conseille de déverrouiller toutes les corrections automatiques à l'ouverture d'un fichier brut.
Ainsi, dans la configuration du logiciel, à la rubrique "Décodage raw", onglet "Comportement", cocher "Toujours ouvrir l'outil d'importation pour personnaliser les réglages". Puis dans l'onglet "Paramètres par défaut", décochez toutes les options.
A l'ouverture d'un fichier, l'image apparait alors brute de prise de vue, avec un choix de paramètres de "dématriçage" incluant : la température des couleurs, la gestion du grain et de la netteté, du point noir et du point blanc, réglages que vous pourrez optimiser en fonction du cliché.
Sans atteindre la précision des logiciels propriétaire, Digikam s'avère efficace dans ses fonctionnalités bien qu'elles soient limitées. La photographie ainsi ouverte dans l'éditeur d'image permet ensuite d'affiner chaque réglage via les deux menus "Couleurs" et "Améliorations". Là encore, ce n'est pas du photoshop. Mais les possibilités sont suffisantes et le mode d'affichage des corrections Avant/Après très pratiques.
Au final, l'image produite reste légèrement moins nette, plus lumineuse et plus bruitée que pour ses concurrents commerciaux, tout en demeurant amplement acceptable. on ne se sent pas limité par ses fonctions comme avec Ufraw. Digikam est donc une porte d'entrée open source vers le traitement des fichiers raw, pour ceux qui, jusqu'à présent, se contentaient du jpeg et qui n'ont pas accès à une licence propriétaire. Il est même, par ses fonctions d'archivage, un honorable concurrent à lightroomfacile à dompter et permettant un premier pas en direction de l'utilisation des fichiers bruts et de la gestion d'une bibliothèque d'image dans ce format. Il prendra avantageusement la place du si décevant Ufraw pour générer des fichier tiff, éditables sur Gimp.
Image développée avec Digikam
Affichage 1/1 de l'image développée avec Digikam
Rawtherapee (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v3)
(temps de traitement : environ 45 minutes)
Nous sommes là, face à un logiciel de loin le plus complexe et le plus complet qui soit pour le traitement de notre fichier. Ouvrir Rawtherapee vous donne l'impression de vous asseoir au commande d'un Airbus A320, avec un permis de voiture en poche. Indéniablement, il s'agit d'un logiciel hyper-spécialisé, qui permet de tout réaliser et de multiple façons. Au point qu'il en donne le vertige. Il nécessite de sérieuses connaissances en imagerie numérique afin de comprendre ce qu'il fait. Le tout est de savoir si, en tant que photographe, on prend davantage de plaisir lors des prises de vue ou si on préfère passer son temps à déplacer une multitude de curseurs durant des heures sur un écran d'ordinateur. Car la profusion de réglages interdépendants et de possibilités offertes tendent vite vers l'infini. Le logiciel s'adresse d'avantage aux "techniciens de laboratoire" minutieux qu'aux photographes.
Vous pouvez vous en faire une idée en suivant ce lien

La lecture du manuel (100 pages) ne sera donc pas de trop pour le prendre en main. Au final, notre photographie sort avec plus de bruits et d'artefacts que pour ses concurrents commerciaux. Les corrections de couleurs sont d'un bon niveau, bien que trop complexe à paramétrer, si bien qu'il est difficile d'arriver à un résultat satisfaisant. La récupération des nuances dans les très hautes lumières est par contre remarquable. Bref, pour peu que l'on ai beaucoup de temps, la conviction, la motivation et le courage, Rawtherapee est la meilleure solution logiciel libre pour vos fichiers raw. Mais également la plus difficile à maîtriser, au point qu'il en découragera beaucoup, qui se tournerons donc vers Digikam, avec lequel il parviendront plus rapidement à un résultat satisfaisant.
L'un comme l'autre ne remplacent pas totalement les solutions commerciales, plus complètes et plus fines, mais ils sont une porte d'entrée tout à fait respectable vers le traitement des fichiers bruts. Alors que Ufraw aurait plutôt tendance à vous en décourager.
Image développée avec RawTherapee
Affichage 1/1 de l'image développée avec RawTherapee


Lien de téléchargements :
Ufraw (pour les téméraires)
RawTherapee (pour les acharnés)
Digikam (pour le plus grand nombre)

dimanche 6 novembre 2016

Traiter un format raw en open source 1/2

Plus grand monde ne remet en cause l'intérêt d'utiliser les formats bruts des boitiers photos lorsqu'ils sont disponibles. Encore faut-il être en mesure de les traiter correctement, sans quoi il ne sont qu'une malle aux trésors dont on aurait perdu la clef. Le site phototrend nous offre un comparatifs des divers logiciels propriétaires disponibles pour "dématricer" les clichés au format raw.
Le site galerie-photo nous propose également un retour d'expérience à partir de quelques logiciels professionnels

Néanmoins il est plus difficile de trouver des exemples comparatifs de logiciels libres pour effectuer le même travail. Tout au plus, trouve t-on des listes de logiciels open sources susceptibles de traiter le raw sans autre explication complémentaire. Je vous propose donc de partager un retour d'expérience avec Ufraw (le dé-rawtiseur de Gimp), Rawtherapee et pour finir Digikam. Ce dernier, plus connu pour ses fonctionnalité d'archivage et de classification de photographies que pour ses fonctionnalités de traitement, ne démérite pas face à ses riches concurrents propriétaires quand il s'agit d'optimiser une prise de vue.
Pour ce faire, nous allons travailler sur une photographie nécessitant de nombreuses corrections et dont les conditions de réalisation feraient perdre la tête à la plupart des fonctions automatiques de tout logiciel de retouche. La prise de vue a eu lieu dans l'obscurité d'une coupure de courant nocturne, avec pour toute source lumineuse l'écran d'un smart phone. La sensibilité est élevée (3200 ISO), le temps de pose très long pour une prise de vue à main levée (0.8 seconde). On doit donc s'attendre à un bruit fortement marqué, accompagné de pixels chauds et d'un flou de bougé nettement visible lors d'un affichage à 100 %. La distance focale est de 50 mm, pour une ouverture F/4.
Afin d'avoir un comparatif précis, nous allons préalablement traiter notre cliché au moyen de logiciels propriétaires. Observons donc la photographie dans son ensemble, telle qu'elle apparait au format brut, sans la moindre correction ou amélioration au moyen de DxO Optics Pro, Digital Photo Professional (DPP, logiciel propriétaire CANON) et Adobe Camera Raw. Nous constatons d'abord que chaque logiciel interprète les informations brutes différemment.

DxO affiche une image très sombre, fortement contrastée et comportant du grain parsemé de pixels chauds. La dominante coloré est le jaune orangé, avec des rouges vifs. Pour DPP, la luminosité et le contraste sont proches, mais la température des couleurs apparait plus froide, tirant d'avantage vers le vert sombre. Camera raw est assez proche de DPP pour la gamme de couleur mais affiche une image nettement moins sombre. On note aussi que DPP et Camera raw corrigent les pixels chauds dès l'ouverture du fichier. Le bruit de chrominance est également corrigé par DPP, sans le moindre réglage (probablement du à un pré-réglage du boitier que le logiciel Canon reconnait sans difficulté). A ce stade, DxO semble être le logiciel le plus neutre à l'affichage d'un format brut.

Image brute, affichée par DxO Optics Pro
Affichage de l'image brute 1/1 avec DxO Optics Pro
Image brute, affichée par Camera Raw
Affichage de l'image brute 1/1 avec Camera Raw
Image brute, affichée par DPP
Affichage de l'image brute 1/1 avec DPP
Développons maintenant notre cliché avec ces trois logiciels. Les images produites nous serviront de référence pour juger de la qualité du travail de leurs équivalents open source. Il existe quantité de sites qui proposent déjà des comparatifs de logiciels propriétaire, je ne m'attarderai donc pas sur les fonctionnalités et réglages utilisés. Retenons simplement les points forts de chaque solution logiciel pour la photographie qui nous concerne.
  
DxO Optics pro  (temps de traitement : 20 mn, dont 5 mn de calcul de rendu)
DxO Optics Pro reste la valeur incontestable pour la gestion du grain, qui disparait presque totalement, sans nuire à la netteté relative de l'image. Il offre également toutes les fonctionnalités nécessaire aux corrections chromatiques et à la récupération de matière dans les zones sur-exposées et sous-exposées, si bien qu'il permet un rendu lumineux malgré l'obscurité ambiante. Sans parler des corrections de défauts des boitiers et optiques. Il faut tout de même compter 5 minutes de calculs avec le module Prime. Les corrections par défaut du logiciel, sans être parfaites s'avèrent assez justes. Elles nécessitent quelques ajustements et réglages complémentaires pour l'obtention d'un résultat meilleure que ce que la prise de vue ne laissait espérer, avec une grande amplitude de nuances, du noir jusqu'au blanc. En résumé, à condition d'avoir le temps, il est un logiciel adapté pour ce type de photographie, avec un rendu propre et lissé caractéristique du logiciel.
Image développée avec DxO Optics Pro
Affichage 1/1 de l'image développée avec DxO Optics Pro

Camera raw  (temps de traitement : 15 mn)
Camera raw se distingue pour les corrections chromatiques et l'optimisation de la netteté, mais au prix d'un surplus de grains (qui est la signature du logiciel) qui ne nuit en rien à l'esthétique de l"image. Il est aussi moins vorace en ressources système que ses concurrents et facilement domptable. Il rend parfaitement l'aspect froid de la lumière issue de l'écran du smart phone et permet de donner davantage de modelé au visage. Grâce aux corrections sélectives, il est facile de récupérer de la matière dans l'écran, sans dégrader les autres zones claires du cliché. Le clair-obscur est réaliste et les couleurs, après de nombreuses corrections, paraissent plus riches et fidèles à la réalité.

Image développée avec Camera Raw
Affichage 1/1 de l'image développée avec Camera Raw

Digital Photo Professional  (temps de traitement : 5 à 10 mn)
DPP est le plus simple à utiliser. Il est performant dans la correction du grain, mais cela ce fait au détriment de la netteté. Il faut donc choisir entre des artefacts disgracieux et un flou général. Le logiciel a beaucoup progressé pour les corrections chromatiques depuis ses débuts sans toutefois être à la hauteur de la concurrence. La récupération des hautes lumières et des zones sombres, bien que présentes sont insuffisantes : il n'a ainsi pas été possible de faire apparaître de la matière dans l'écran du smart phone, contrairement aux logiciels précédents. Au final, il est le plus rapide (car le plus limité en réglage) de nos trois solutions logiciels. La qualité du résultat est satisfaisant, sans plus, et on sent à l'usage, que beaucoup de réglages manquent de finesse, ce qui donne logiquement une image moins agréable à l'œil et pauvre en nuances de couleurs.
Image développée avec DPP
Affichage 1/1 de l'image développée avec DPP

On le voit, chaque logiciel se distingue d'une manière différente et leur usage privilégié dépend beaucoup du type de photographie à traiter, de la sensibilité artistique du photographe, de son temps disponible et du résultat souhaité. Cet état des lieux étant fait pour les logiciels propriétaires, nous verrons dans une seconde partie quelles sont les solutions open source pour optimiser ce même cliché.

 Lien vers la suite de l'article

jeudi 27 octobre 2016

Bomavé Konaté, Trésor humain vivant du Burkina

C'était il y a quelques mois, dans les derniers temps d'une transition haletante. Le Président Kafando, peu avant de déposer la présidence, lançait la cérémonie de proclamation des premiers Trésors Humains Vivants du Burkina Faso. Bomavé m'a appelé, fidèle à lui même, pour me demander de l'accueillir au car en provenance de Boromo, alors que la cérémonie débutait déjà. Le temps de se faufiler dans les embouteillages ouagalais, et nous n'avons vu de la cérémonie dont il devait être acteur, que le banquet de clôture.
J'ai rencontré Bomavé en 1999, à l'occasion d'un séjour de trois mois dans le parc artistique qu'il mettait en place depuis déjà quelques années. Depuis nos chemins se sont régulièrement croisés, au gré de mes venues au Burkina et de ses séjours en France. Je l'ai vu construire petit à petit le Parc International des Arts Manuels et Traditionnels (PIAMET), se tromper parfois et recommencer toujours. Il s'active inlassablement sous l'ombre de son manguier où ses petits frères et neveux le rejoignent pour apprendre le métier de sculpteur. Il lui arrive de boire, trop, mais il est bwaba ; les burkinabè savent ce que cela veut dire. Pourtant il ne vieillit pas. Dans son regard continue à briller la lueur de l'adolescence festive. C'est probablement ce qui en fait un acteur majeur de la culture burkinabè : là ou il sculpte, il danse et assure le spectacle.

Bomavé Konaté, Boromo le 1er novembre 1999

Tourmignie, le 13 juillet 2006
                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 21 mm
                  f/3.5
                  1/320 s
                  ISO 200
 
Boromo, le 9 novembre 2007

                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 55 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 400

Sa maison, à Boromo est un musée en visite libre où il est permit d'admirer et d'acheter des reproductions de masques rituels. Contrairement à ceux qui se vendent à Ouagadougou, ceux-ci sont encore sculptés à la daba par les membres de la famille Konaté. A Oury, leur village d'origine, ils sont quelques-uns à être initiés et habilité pour sculpter les vrais masques rituels, ceux qui dansent encore dans les villages animistes et qui ne sont visibles qu'en de rares occasions. C'est dire si un masque de Konaté, même lorsqu'il n'est qu'une reproduction reste une reproduction éclairé par le savoir de son créateur.
La force de Bomavé réside aussi dans sa faculté à osciller entre tradition et modernité. En plus des répliques de masques, auxquelles s'initient ses jeunes frères et neveux, il développe une œuvre personnelle, dont la série des bas reliefs, qui lui ont ouvert les portes de multiples galeries françaises dans le passé. Plus récemment, la multiplication des pintades en bois anime son atelier. Des milliers ont déjà été produites, toutes sculptés à la main et peintes avec un petit bâton, de millions de points blancs qui les rendent uniques de part leurs tailles, leurs posture ou leurs motifs. Mais aussi des pièces de mobilier, imposantes et intégralement sculptées dans la masse avec pour inspiration, le règne animal du Burkina.

La maison de Bomavé, Boromo,  novembre 2007

Boromo, le 22 novembre 2014
                  CANON EOS 60 D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/2.2
                  1/60 s
                  ISO 1000
 
Chaque année, il fait le voyage pour l'Europe où festivals et musées le réclament. Il nourrit ainsi sa création des multiples cultures et rencontres qui se tissent au fil des kilomètres parcourus. En comparant les portraits du Bomavé de 1999 et ceux de 2016, on ne décèle aucun vieillissement, ni dans sa tête ni sur son corps tandis qu'il continue à redonner vie au bois mort.
Le Burkina ne s'est pas trompé en le faisant figurer parmi les premiers méritants du statut de Trésor Humain Vivant.

mardi 18 octobre 2016

Le retour sans fin du gif animé

Tout comme la rentrée scolaire et les francs maçons, le format Gif animé est devenu un marronnier des médias en manque d'audience ou d'inspiration. Ainsi, a peu de chose près tous les six mois, on voit refleurir les mêmes articles vantant le côté "génial" de ce format appliqué aux vidéos. J'en parlait en mai dernier, dans un article intitulé "Ré-création de Gif animé". Je déplorais déjà la pauvreté créative qui consiste à trouver grandiose le simple fait de transformer en trois clics un morceau de vidéo sans grand intérêt en un Gif qui n'en a alors pas plus.
Comme la médiocrité est tenace, et la pauvreté d'esprit sans limite, voila désormais que l'on tente de nous convaincre de l'énorme progrès que constitue l'utilisation de vidéos d'archives pour les réduire au gif. Bref, on tourne en rond. Que ce soit une vieille image noir et blanc ou un clip en 256 couleurs tourné sur smartphone, un gif animé vidéo reste sans intérêt. Un récent article du blog BIG BROWSER intitulé "Bienvenue dans l'ère du GIF historique" nous montre, exemples à l'appui, les limites et la piètre créativité des auteurs de gifs animés. Il semble que prenant conscience du non intérêt des vidéos ainsi traitées, la tendance soit désormais de donner du sens et de la bonne conscience en utilisant des vidéos faites par d'autres et susceptible d'être fédératrices de clics à buzz car déjà connues et faisant partie de l'histoire... Une fois de plus, nous sommes là face à une mode qui passera vite, même si les archives télévisuelles constituent une grand fourre-tout pour les fainéants de la création graphique, qui ne conçoivent pas de créer quelque chose ayant du sens, en plus de trois clics et quelques secondes, mais qui espèrent tout de même en tirer une maximum de profits et de notoriété en détournant le travail des autres.

samedi 8 octobre 2016

Les burkinabè au travail

Ils sont souvent les plus difficiles à aborder, les plus réticents à se laisser convaincre de figurer sur une photographie, ceux qui n'ont rien à y gagner et qui observent le photographe avec envie et jalousie. Les idiots réclament de l'argent, les autres prennent prétexte de leur religion musulmane pour refuser la prise de vue. Et heureusement, il y a les indifférents, ceux aussi qui apprécient cette inattendue marque d'intérêt pour leur personne ou leur activité. Avec eux, il est possible d'engager un dialogue pour comprendre leur activité et apprendre de leur savoir faire.

Vendeur ambulant de noix de coco, Ouagadougou, le 10 février 2016
                  CANON EOS 60D ; CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/1 000 s
                  ISO 100

Ramassage des déchets, Ouagadougou, le 10 février 2016
                  CANON EOS 60D ; CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 35 mm
                  f/4
                  1/1 250 s
                  ISO 100

PMUB, Ouagadougou, le 13 aôut 2013
                  CANON EOS 60D
                  Distance focale : 41 mm
                  f/5
                  1/40 s
                  ISO 250

Je parle des petites mains burkinabè, la mains d'œuvre d'un pays émergent (il n'y a pas si longtemps, nous n'aurions pas jugé politiquement incorrect de dire "pays pauvre"). Que ce soit en occident ou en Afrique, j'aime multiplier leurs images, photographier leur maîtrise technique qui constitue finalement leur unique moyen de subsistance. Qu'ils soient boutiquiers, commerçants, tâcherons ou vendeurs à la sauvette, avec leur glacière, leur brouette ou leur étal ambulante, ils côtoient les brigades vertes de Ouagadougou, les vendeur de bois et de charbon, de fruits, les militaires, les artisans et les ouvriers en tous genres. Le long des barrages, ils se font cultivateurs ou pépiniéristes. Je trouve beaucoup d'expressivité, dans leurs mains, leurs regards, la précision de leurs gestuelles. Ils ont aussi ce message d'espoir qui dit que même si nous sommes pauvres, nous ne faisons pas rien. Ce sont eux qui répètent jour après jour "ça va aller". Une expression qui traduit la difficulté quotidienne et l'optimisme des jours meilleurs. Bien souvent, ça finit par aller, mais pour en arriver là, tous savent que la galère sera grande.
Souvent, il faut ruser, saisir leur image discrètement, sans permission pour ne pas aller à l'affrontement. Et si beaucoup ne comprennent pas l'intérêt que je porte à ceux que l'on ne voit pas vraiment, je reste persuadé que ces clichés sont déjà, au moment où je les fait, une archive du présent, avant de devenir des archives du passé. Ils acquiereront leur pleine valeur plus tard, quand les années auront vues disparaître certaines professions ou certaines pratiques (comme la soudure à l'arc sans masque de protection).

Sculpteur sur bois, Ouagadougou, le 14 septembre 2010
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/3.5
                  1/50 s
                  ISO 400


Bronzier, Ouagadougou, le 12 décembre 2012
                  CANON EOS 60D
                  Distance focale : 22 mm
                  f/4
                  1/800 s
                  ISO 2 000

N'oublions pas non plus les artisans et les artistes disséminés dans chaque village, et qui, bien souvent, ne sont pas effrayés par le matériel du photographe. Et pour ceux qui n'ont pour seul horizon que Ouagadougou, le Village Artisanal (VAO) offre une étendue de compétences dans tous les domaines de la création burkinabè avec une vue plongeante sur les ateliers de confection. Il est possible de se confronter à l'activité quotidienne de ces travailleurs pour qui l'unité est une réalité et la justice sociale un désir mais le progrès demeure un espoir à atteindre..

samedi 24 septembre 2016

Pourquoi le raw ?

Y a t-il encore des personnes qui se demandent pourquoi utiliser les formats raw ?
On entend que ce format produit des fichiers plus lourd, c'est vrai. Mais compte tenu du coût décroissant des disques durs, avouez que l'argument ne tient pas. Problème de place sur les cartes mémoire ? A bien y regarder, même avec une 8Go, sur un boitier entre 18 et 24 millions de pixels, le format brut procure autour de 200 clichés contre plusieurs milliers en jpeg. Si en une journée de reportage, nous sommes capable de produire d'avantage que 200 photographies, il serait temps de sérieusement remettre en question notre technique de prie de vue. Il n'y a pas si longtemps, nous utilisions des pellicules de 12 ou 24 poses pour les film 35 mm et même six poses pour un 220 mm.
Au lieu de prendre dix fois la même chose en espérant choisir le meilleur clichés, observez mieux et déclenchez moins. De toute façon, je suis persuadé que lorsque vous avez neuf mauvaises photographies pour une bonne, vous les gardez toutes, on ne sait jamais... Je me trompe ? Faisons donc moins de clichés, mais de meilleurs qualité, autrement dit concentrons nous d'avantage sur ce que nous faisons au moment de la prise de vue.
Je me suis amusé à ressortir des clichés datant de 2005-2006, c'est à dire ayant au moins dix ans et réalisés avec un boitier et une optique d'entrée de gamme de l'époque. Pour corser la chose, j'ai choisi des clichés à la sensibilité élevée ou utilisant des temps de pose longs. En ce temps là, j'étais un jeune Canoniste et le logiciel Digital Photo Professional (DPP) n'était qu'un enfant turbulent, caractériel et pas encore très mature. En ce temps là, Photoshop atteignait l'adolescence, il était beau, grand et insouciant, plein de promesses pour l'avenir et ses algorithmes prometteurs d'innombrables améliorations. Mais il demeurait bien incapable de lire les formats brut de nos boitiers sans l'ajout de Camera raw. Celui-ci balbutiait, il parlait à peine. Songez qu'il est né en 2003... La première version béta de Lightroom date de 2006. Dxo Optic pro est né en 2004, il n'était alors qu'un correcteur de défauts optiques et numériques, sur la base de son savoir faire en matière d'analyse de performances des systèmes optiques.
Je me souviens qu'en 2005, je lisais de-ci de-là qu'il était important de produire et de conserver les fichiers raw de son boitier, sous couvert de la promesse du développement futur des logiciels de traitement des informations brutes. Je n'y ai pas vraiment cru tout de suite, mais j'ai tout de même privilégié ce format, au cas ou ...

Préparatifs de mariage, Montreuil, le 10 septembre 2005
                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 22 mm
                  f/4.5
                  1/25 s
                  ISO 1 600
Vendeuse de sésame, Boromo, le 14 novembre 2005
                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 27 mm
                  f/10
                  30 s
                  ISO 400


Repas festif, Paris, le 11 décembre 2005
                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 21 mm
                  f/3.5
                  1/3 s
                  ISO 800


Paris de nuit, le 17 septembre 2005


                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 55 mm
                  f//9
                  2 s
                  ISO 200


Fontenay sous Bois, le 18 octobre 2005
                  CANON EOS 300D
                  Distance focale : 18 mm
                  f//4.5
                  1/50 s
                  ISO 400


Dix ans plus tard, il est temps de faire le bilan. Et là pas d'hésitation : le format brut est une merveille. Sur la base d'un capteur d'entrée de gamme de 2005, il est désormais possible de sortir des clichés dignes des bons boitiers actuels (j'exagère à peine) avec DxO Optique Pro ou Camera raw. La seule chose que l'on ne corrige pas, c'est le nombre de pixels. Mais le bruit, les aberrations optiques, les problèmes de diffraction de la lumière sur le capteur, les faiblesses des sensibilités ISO, le vignetage... Tout passe de l'anecdotique au sublime, en quelques secondes ou minutes de calcul. Et il est probable que tous ces logiciels qui font de la magie avec nos anciens raw, ne cesseront pas de sitôt de se perfectionner. En conclusion, il n'y a aucune hésitation à avoir : le raw plutôt que le jpeg pour tous. Les générations futures nous remercieront.

Par contre Canon nous fait l'affront de rendre son logiciel incompatible avec le format crw de ses anciens boitiers, ce qui constitue une stratégie commerciale froidement irrespectueuse vis à vis de ses clients. Combien de millions de photographies ont été produites avant l'abandon de ce format ? Ouvrir un fichier brut de dix ans d'âge avec DPP4 s'avère tout simplement impossible. D'ailleurs le site Canon ne propose plus aucune solution logiciel en téléchargement pour ses propres boitiers vendus au début des années 2000. Il est, par conséquent, préférable de bien conserver ses CD d'installations originaux, livrés avec le boitier. Et il faut craindre que les photographies actuelles deviendront illisibles pour les prochaines versions de DPP. En renouvelant son matériel régulièrement, il faudra installer une version de DPP pour chaque génération de boitier. Ou plus probablement, il faut dès a présent envisager de se passer de ce logiciel qui, lorsqu'il fonctionne, reste largement moins performant et moins polyvalent que ses concurrents. Les logiciels concurrents continuent de reconnaître l'ancien format Canon ; ce sont donc eux qui ont permis de retravailler mes clichés d'autrefois.

Ce qui nous amène à l'éternelle question : quel format brut utiliser ? Celui de votre boitier, ou celui libre de la firme Adobe, le DNG (qui lui-même ne s'ouvre pas avec DPP) ?
Personnellement, mis à part avec DxO qui exporte dans ce format (parfois de manière étrange au niveau des fortes lumières), je n'ai jamais utilisé le DNG et je continue à me demander si je ne fait pas là un mauvais choix. Y aura t-il toujours un logiciel pour interpréter le cr2 de Canon, l'arw de Sony et le nef de Nikon ? Quand dans le même temps, je constate les difficultés rencontrés par Adobe pour faire accepter sont DNG, en dépit de sa qualité de format libre, sa pérennité n'est pas plus assurée que les formats des fabricants de boitiers. J'ai donc prit le parti de conserver mes fichiers bruts de prise de vue en format propriétaire mais avec dans un recoin de mon PC un convertisseur DNG (inutilisé mais prêt à l'emploi et que vous pourrez télécharger ici, pour Mac et Windows). N'ayant pas encore tranché sur ce point, pourtant décisif, du choix de format brut, voici quelques liens chez des confrères qui ont déjà traité cette problématique : Phototrend et Cyrilbruneau