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samedi 28 octobre 2017

Photographe de plateau

En occident, l'usage est de cataloguer, d'étiqueter les professionnels. Ainsi si vous faite de l'animalier, vous ne pourrez faire que de l'animalier sous peine de passer inaperçu. Si vous êtes photographe sportif, il faudra se contenter d'immortaliser des jambes en short toute sa carrière. Les reconversions sont assez rares et nécessitent beaucoup d'énergie et de patience. Il existe quelques contre exemples, tel Yann Artus Bertrand, dont la plupart ignore qu'il fut durant quinze ans le photographe officiel du salon de l'agriculture de Paris. Il est ainsi passé du plancher des vaches aux cimes héliportées. Il a accomplit ces "deux professions" avec le même talent et la même précision, comme beaucoup de professionnels auraient pu le faire. Mais combien aurait réussi à atteindre la reconnaissance du public dans ces deux "professions" ?
Le Burkina Faso n'a pas tant d'états d'âme. Pour peut que vous ayez quelques compétences et de la volonté, si vous savez, avec talent, appuyer sur un bouton, vous serez alternativement photographe animalier un jour, sportif le lendemain, reporter ensuite puis illustrateur avant de tâter du côté des portraitistes.

Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 28 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/320 s
                  ISO 400


Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 29 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/15 s
                  ISO 1 600



Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 30 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/20 s
                  ISO 1 600
Cette chance, ou cette liberté offerte à ma profession m'a ainsi mené parfois à flâner sur des plateaux de tournage de cinéma. Photographe de plateau est un peu à part dans la carrière de photographe. Il faut être en phase avec le réalisateur, mais aussi le cadreur : à quoi bon cadrer en grande distance focale si le film est tourné au grand angle. Car il faut que les photographies retranscrivent au mieux l'esthétique de la vidéo.  En revanche, passé l'aspect technique, tout le reste est dans la facilité. Il y a en effet peu de situation où tout ce qui se présente à votre vue est déjà pensé et organisé par des professionnels : un éclairagiste pour l'ambiance lumineuse ; un costumier pour qu'il n'y ai aucun pli sur les vêtements, une maquilleuse pour les portraits, un décorateur pour le fond d'image. Sans parler des acteurs et actrices, habitués à donner la meilleure image d'eux-même.

 La seule difficulté vient du fait que le photographe de plateau représente le type le plus emmerdant qui soit pour tous les autres. Ses déplacements gênent les techniciens. Sa présence déconcentre les acteurs et personne ne comprend sa réelle utilité. Quant au preneur de son, il vous sait son plus grand ennemi dès que retenti le "Moteur !".
Néanmoins, ce sont des conditions de travail des plus agréables. Le rythme de tournage est, dans la plupart des cas très lent. Les temps de préparation de chaque scène sont longs. Et si vous avez la chance d'avoir Serge Henri sur la plateau, vous aurez droit à un sketch d'improvisation permanent. A l'opposé de Ildevert Méda qui profite du moindre moment de répit pour s'isoler et répéter son texte. En revanche, il ne faut pas compter ses heures. Il n'est pas rare qu'un tournage se prolonge tard la nuit.

Ouagadougou, tournage "Hakilitan - mémoire en fuite" de Issiaka Konaté, le 12 janvier 2012
                  CANON EOS 60D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/4.5
                  1/100 s
                  ISO 3 200



Ouagadougou, tournage "Hakilitan - mémoire en fuite" de Issiaka Konaté, le 12 janvier 2012

                  CANON EOS 60D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/2.5
                  1/160 s
                  ISO 3 200


Il est regrettable que la production cinématographique du Burkina Faso soit devenu aussi pauvre au fils des ans, malgré un FESPACO qui a longtemps été moteur pour la profession.