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lundi 26 décembre 2016

La tentation de réécrire l'histoire

Les réseaux sociaux sont devenus en quelques années un gigantesque fourre tout où s'échangent et se partagent des millions de photographies et illustrations hors de tout contrôle. Il manque à beaucoup d'utilisateur d'internet une culture de l'image suffisante pour s'y retrouver. En une vingtaine d'année, nous avons tous plus ou moins prit conscience que, photoshop aidant, l'image ne pouvait a elle seul être une preuve de quoi que ce soit. Néanmoins, cela n'empêche pas les abus, mensonges et désinformations illustrées de circuler quotidiennement.
Il faut reconnaître que les professionnelles de l'image aussi sont parfois tentés de tricher avec la réalité pour illustrer un fait de manière pas toujours très réel. Les exemples ne manquent pas de photographes ayant supprimé un détail déplaisant sur une image avant de la diffuser comme authentique. S'ils ont des états d'âme dès lors qu'ils sont démasqués, ce n'est pas le cas pour les millions d'internautes qui n'ont pas l'éthique d'une profession comme garde fou. Les stars du net, incapable d'affronter la réalité en face, font continuellement usage de la retouche pour publier des clichés d'eux même à la perfection "artificielle" (ou devrais-je dire superficielle), donnant ainsi une impression de normalité à la tricherie photographique. A tel point que présenter des photographies sans artifice parait décevant pour les spectateurs.
Toutefois, débusquer une retouche est souvent plus facile qu'il n'y paraît. La très grande majorité des photoshopeurs professionnels ou non laissent bien involontairement toutes sorte d'indices de leur méfait dans leurs travaux. Steve Mc Curry en a fait les frais cette année. Ce qui a au moins le mérite de susciter de nouveaux articles pour les mettre en évidence : créer un buzz avec une image truquée ou créer en buzz en dénonçant le truquage, ça permet de doubler le buzz pour un même sujet. Comme dirait un ancien président français hyperactif, peut importe ce que l'on dit de vous, du moment que l'on parle de vous chaque jour...

A côté des tricheurs par photoshop, on trouve une autre forme de tricherie, plus sournoise. Elle consiste à diffuser une photographie sortie de son contexte et mal légendée afin de lui faire dire autre chose que ce qu'elle montre. La diffusion des images est tellement rapide que plus personne ne prend le temps de remonter à la source du cliché et la désinformation fonctionne alors à plein régime. La fachosphère est friande de la chose. Elle rend dès lors complice de ses forfaits l'ensemble des internautes qui like et partagent sans jamais rien vérifier. Il semble que nous n'ayons pas encore pleinement prit conscience que les réseaux sociaux, contrairement aux média traditionnels diffusent du contenu sans vérification des sources ni authentification du contenu. Il est facile de créer du contenu sensationnel et révoltant pour favoriser sa diffusion massive et instantanée. Certaines agences de communication en ont fait leur fond de commerce. La récente élection présidentielle américaine en a donné un triste exemple : les articles Facebook mensongers ont davantage été partagés que les articles de fond donnant de vraies informations... s'il on en croit le journal Le Monde. Puis les démentis rétablissant la vérité n'ont tout simplement pas été partagés, laissant les mensonges monopoliser l'espace médiatique.

Voici un autre type de manipulation photographiques qu'une de mes connaissances a tenu à me faire partager. La personne en question est plutôt intellectuelle, démocrate et républicaine. Elle reste pourtant totalement perméable aux manipulations d'extrême droite, au point d'en défendre vigoureusement les montages photographiques et réécriture de l'histoire alors même qu'elle dénoncerait sans hésiter tout discours ou texte fascisant. L'origine de la manipulation provient du site islamophobe et raciste "riposte laïque", dont je vous épargne le lien nauséabond.

La juxtaposition des photographies, dans le style "c'était mieux avant" sous entend au premier abord que l'Iran, c'était bien et normal (car occidentalisée) avant 1979. Mais qui d'entre nous a instantanément le recul nécessaire pour comprendre que l'on oppose ici une vue de la bourgeoisie iranienne sous la dictature sanglante du Chah avec une vue de la population modeste sous la dictature non moins sanglante et actuelle des fondamentalistes ?
Et cet autre cliché intitulé "respect du pays d'accueil" tire son caractère révoltant par le sous entendu du non respect des emblèmes nationales par les musulmans de France. Mais qui d'entre nous prendra le temps, dans sa révolte, de rechercher l'origine de ce cliché pour découvrir qu'il n'a pas été fait à Paris comme son titre le laisse entendre mais au Pakistan, à Lahore, lors d'une manifestation d'environ deux cents personnes contre les caricatures de Mahomet en 2006. Il n'y a pas que place de la République que l'on trouve des grilles et de la végétation en arrière plan des manifestations.

Aucun besoin de photoshop ici. Ces photographies ne sont pas truquées, seuls leurs légendes et intitulés sont mensongers afin de suscité notre révolte. La manipulation n'est pas dans l'image, mais elle est dans le discours qui l'accompagne.
Se forger une culture de l'image consiste d'abord à se forger un esprit critique. Il s'agit d'un effort intellectuel qui n'a rien d'inné et qui nécessite de passer un peu de temps en réflexion et recherches, chaque fois qu'une photographie suscite un sentiment de révolte. Un site comme hoaxbuster s'avère dans ce cas d'une aide précieuse. Google image sera aussi un allié efficace pour retrouver l'origine d'un cliché et ne plus se laisser devenir complice d'une ré-écriture permanente de l'histoire.
Enfin, on peut saluer l'initiative de Brian Feldman, journaliste sur le site Select-All, du New York Magazine et qui propose une extension pour chrome afin d'aider à débusquer les sites et articles mensongers (en téléchargement ici) tout en espérant que les sites francophones seront ajoutés à sa base de données. Google et Facebook commencent seulement à proposer de trier les informations pertinentes pour les différencier des propagandes mensongères. Toutefois, plutôt que de laisser des sociétés commerciales faire le tri à notre place, faisons preuve d'esprit critique par nous même, nous n'en serons que meilleur.

vendredi 9 décembre 2016

Incursion dans la macro

Pour un photographe, faire de la macro signifie utiliser une optique permettant de faire tenir 1 centimètre carré du monde réel sur un centimètre carré du capteur photo sensible. On parle alors de rapport 1/1. Malheureusement, les fabricants d'optiques, mal conseillés par leur spécialistes en marketing, ou peut être simplement un peu trop malhonnête, ont la fâcheuse habitude d'inscrire "MACRO" sur des rondelles de verre qui ne permettent pas un tel rapport de grossissement. Tout au plus trouve t-on fréquemment  des "MACRO" au rapport 0,5/1
On se retrouve donc fréquemment à pratiquer la macro avec du matériel peu adapté à l'exercice. C'est mon cas. Ce d'autant plus, que ce domaine si particulier de la photographie m'a durant longtemps parut inintéressant. Puis quelques bestioles ont attiré mon attention. Comme ce drôle d'insecte rouge qui fréquente la brousse burkinabè et qui s'avère être en réalité l'une des plus grosse variété d'acarien. Plus récemment, le combat sanglant et inégale entre une mouche et une fourmi à titiller le déclencheur de mon boitier. Ce fut le début d'une phase d'observation des milliers de petites bêbêtes qui peuplent les abords de nos habitations.


Papillon, Ouagadougou, le 27 octobre 2013
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 800

Acarien de la famille des Tetranychidae, Pâ, le 16 août 2015
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/800 s
                  ISO 400



Sauterelle multicolor, Pâ, le 16 août 2015
                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/160 s
                  ISO 400


Combat, Ouagadougou, le 12 septembre 2016

                  CANON EOS 60D / Canon EF-S 55-250 mm F/4-5.6 IS II
                  Distance focale : 250 mm
                  f/5.6
                  1/60 s
                  ISO 1 250


Un constat s'impose, il va sérieusement falloir investir dans du matériel plus adapté pour optimiser la qualité des prises de vue. Pour les utilisateurs CANON, il existe un drôle d'outil : le MP-E 65MM f/2.8 qui est assez unique dans son genre, puisqu'il ne fait QUE de la macro, avec un rapport d'agrandissement de 1/1 à 5/1. De quoi faire le portrait en gros plan d'une mouche. Il est à la fois génial et bourré de contraintes. Génial pour ses qualités optiques et son piqué, mais sans autre possibilité que de s'approcher plus ou moins du sujet pour effectuer la mise au point dont la profondeur de champ est de l'ordre du millimètre, voire moins, ce qui laisse présager de la difficulté de l'exercice. La distance de mise au point varie de 24 cm pour le rapport 1/1, à 5 cm pour le rapport 5/1. Il convient donc de choisir des sujets de prise de vue assez téméraires pour ne pas fuir à tire d'aile devant l'approche de l'objectif.  Il s'agit aussi d'une optique peu lumineuse surtout s'il on décide de fermer le diaphragme pour agrandir de quelques dixièmes de millimètres la zone de netteté. Lourd et très cher (environ 1100 euros), il ne faut pas s'attendre à la croiser souvent dans la besace d'un photographe.
Je ne désespère pas toutefois de partager un jour le résultat de travail d'un tel outil dans ce blog, si mes finances le permettent. En attendant, il faudra se contenter des fourmis un peu floues qui se chargent des miettes de mon repas et des mouches téméraires.