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dimanche 6 novembre 2016

Traiter un format raw en open source 1/2

Plus grand monde ne remet en cause l'intérêt d'utiliser les formats bruts des boitiers photos lorsqu'ils sont disponibles. Encore faut-il être en mesure de les traiter correctement, sans quoi il ne sont qu'une malle aux trésors dont on aurait perdu la clef. Le site phototrend nous offre un comparatifs des divers logiciels propriétaires disponibles pour "dématricer" les clichés au format raw.
Le site galerie-photo nous propose également un retour d'expérience à partir de quelques logiciels professionnels

Néanmoins il est plus difficile de trouver des exemples comparatifs de logiciels libres pour effectuer le même travail. Tout au plus, trouve t-on des listes de logiciels open sources susceptibles de traiter le raw sans autre explication complémentaire. Je vous propose donc de partager un retour d'expérience avec Ufraw (le dé-rawtiseur de Gimp), Rawtherapee et pour finir Digikam. Ce dernier, plus connu pour ses fonctionnalité d'archivage et de classification de photographies que pour ses fonctionnalités de traitement, ne démérite pas face à ses riches concurrents propriétaires quand il s'agit d'optimiser une prise de vue.
Pour ce faire, nous allons travailler sur une photographie nécessitant de nombreuses corrections et dont les conditions de réalisation feraient perdre la tête à la plupart des fonctions automatiques de tout logiciel de retouche. La prise de vue a eu lieu dans l'obscurité d'une coupure de courant nocturne, avec pour toute source lumineuse l'écran d'un smart phone. La sensibilité est élevée (3200 ISO), le temps de pose très long pour une prise de vue à main levée (0.8 seconde). On doit donc s'attendre à un bruit fortement marqué, accompagné de pixels chauds et d'un flou de bougé nettement visible lors d'un affichage à 100 %. La distance focale est de 50 mm, pour une ouverture F/4.
Afin d'avoir un comparatif précis, nous allons préalablement traiter notre cliché au moyen de logiciels propriétaires. Observons donc la photographie dans son ensemble, telle qu'elle apparait au format brut, sans la moindre correction ou amélioration au moyen de DxO Optics Pro, Digital Photo Professional (DPP, logiciel propriétaire CANON) et Adobe Camera Raw. Nous constatons d'abord que chaque logiciel interprète les informations brutes différemment.

DxO affiche une image très sombre, fortement contrastée et comportant du grain parsemé de pixels chauds. La dominante coloré est le jaune orangé, avec des rouges vifs. Pour DPP, la luminosité et le contraste sont proches, mais la température des couleurs apparait plus froide, tirant d'avantage vers le vert sombre. Camera raw est assez proche de DPP pour la gamme de couleur mais affiche une image nettement moins sombre. On note aussi que DPP et Camera raw corrigent les pixels chauds dès l'ouverture du fichier. Le bruit de chrominance est également corrigé par DPP, sans le moindre réglage (probablement du à un pré-réglage du boitier que le logiciel Canon reconnait sans difficulté). A ce stade, DxO semble être le logiciel le plus neutre à l'affichage d'un format brut.

Image brute, affichée par DxO Optics Pro
Affichage de l'image brute 1/1 avec DxO Optics Pro
Image brute, affichée par Camera Raw
Affichage de l'image brute 1/1 avec Camera Raw
Image brute, affichée par DPP
Affichage de l'image brute 1/1 avec DPP
Développons maintenant notre cliché avec ces trois logiciels. Les images produites nous serviront de référence pour juger de la qualité du travail de leurs équivalents open source. Il existe quantité de sites qui proposent déjà des comparatifs de logiciels propriétaire, je ne m'attarderai donc pas sur les fonctionnalités et réglages utilisés. Retenons simplement les points forts de chaque solution logiciel pour la photographie qui nous concerne.
  
DxO Optics pro  (temps de traitement : 20 mn, dont 5 mn de calcul de rendu)
DxO Optics Pro reste la valeur incontestable pour la gestion du grain, qui disparait presque totalement, sans nuire à la netteté relative de l'image. Il offre également toutes les fonctionnalités nécessaire aux corrections chromatiques et à la récupération de matière dans les zones sur-exposées et sous-exposées, si bien qu'il permet un rendu lumineux malgré l'obscurité ambiante. Sans parler des corrections de défauts des boitiers et optiques. Il faut tout de même compter 5 minutes de calculs avec le module Prime. Les corrections par défaut du logiciel, sans être parfaites s'avèrent assez justes. Elles nécessitent quelques ajustements et réglages complémentaires pour l'obtention d'un résultat meilleure que ce que la prise de vue ne laissait espérer, avec une grande amplitude de nuances, du noir jusqu'au blanc. En résumé, à condition d'avoir le temps, il est un logiciel adapté pour ce type de photographie, avec un rendu propre et lissé caractéristique du logiciel.
Image développée avec DxO Optics Pro
Affichage 1/1 de l'image développée avec DxO Optics Pro

Camera raw  (temps de traitement : 15 mn)
Camera raw se distingue pour les corrections chromatiques et l'optimisation de la netteté, mais au prix d'un surplus de grains (qui est la signature du logiciel) qui ne nuit en rien à l'esthétique de l"image. Il est aussi moins vorace en ressources système que ses concurrents et facilement domptable. Il rend parfaitement l'aspect froid de la lumière issue de l'écran du smart phone et permet de donner davantage de modelé au visage. Grâce aux corrections sélectives, il est facile de récupérer de la matière dans l'écran, sans dégrader les autres zones claires du cliché. Le clair-obscur est réaliste et les couleurs, après de nombreuses corrections, paraissent plus riches et fidèles à la réalité.

Image développée avec Camera Raw
Affichage 1/1 de l'image développée avec Camera Raw

Digital Photo Professional  (temps de traitement : 5 à 10 mn)
DPP est le plus simple à utiliser. Il est performant dans la correction du grain, mais cela ce fait au détriment de la netteté. Il faut donc choisir entre des artefacts disgracieux et un flou général. Le logiciel a beaucoup progressé pour les corrections chromatiques depuis ses débuts sans toutefois être à la hauteur de la concurrence. La récupération des hautes lumières et des zones sombres, bien que présentes sont insuffisantes : il n'a ainsi pas été possible de faire apparaître de la matière dans l'écran du smart phone, contrairement aux logiciels précédents. Au final, il est le plus rapide (car le plus limité en réglage) de nos trois solutions logiciels. La qualité du résultat est satisfaisant, sans plus, et on sent à l'usage, que beaucoup de réglages manquent de finesse, ce qui donne logiquement une image moins agréable à l'œil et pauvre en nuances de couleurs.
Image développée avec DPP
Affichage 1/1 de l'image développée avec DPP

On le voit, chaque logiciel se distingue d'une manière différente et leur usage privilégié dépend beaucoup du type de photographie à traiter, de la sensibilité artistique du photographe, de son temps disponible et du résultat souhaité. Cet état des lieux étant fait pour les logiciels propriétaires, nous verrons dans une seconde partie quelles sont les solutions open source pour optimiser ce même cliché.

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