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vendredi 29 décembre 2017

La Fondation Dreyer

Dano est une petite ville de province qui demeurerait à peu près dans l'oubli si un homme n'avait décidé d'y établir une Fondation. Gisbert Dreyer est un architecte berlinois, persuadé à juste titre qu'un peuple n'est pas libre tant qu'il n'a pas atteint l'autosuffisance alimentaire. Cette affirmation exprime assez clairement le but et l'action de sa Fondation qui a en une quinzaine d'années, placé Dano au coeur du plus important exemple de développement social et économique du Burkina Faso. Loin de l'agitation médiatique des ONG internationales qui dilapident annuellement des fortunes en un développement qui tarde à s'afficher, la Fondation Dreyer, tout en discrétion, obtient année après année des résultats concrets qui forcent l'admiration.

Gisbert Dreyer, Dano le 24 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 80 mm
                  f/4
                  1/320 s
                  ISO 800

Pourtant au premier regard, on s'interroge. La Fondation Dreyer surplombe la ville, au bord de la falaise d'une de ces grandes collines typiques de la région. Les lieux propres comme au premier jour foisonnent de végétations entre les bâtiments blanc climatisés. Dans la salle de restauration, est exposé un tableau sur bois, vraisemblablement réalisé par un artiste local et montrant les beaux bâtiments de pierre au sommet de la falaise derrière laquelle se couche le soleil alors que tout en bas  ne se trouvent que de modestes cases en banco. Il ressort de cette représentation comme un vestige d'une vision coloniale qui est en réalité bien trompeuse sur l'action de la Fondation Dreyer. La majorité des habitants de la ville sont des cultivateurs et l'apport des actions de Gisbert Dreyer, par le biais de sa Fondation, sur leur quotidien est immense et se mesurera sur plusieurs générations à venir.

Un producteur de riz sur sa parcelle près de Dano, le 24 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 28 mm
                  f/8
                  1/250 s
                  ISO 125



Laurent Sédogo et les époux Dreyer, en visite  dans un bas fond aménagé près de Dano, le 24 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/640 s
                  ISO 320


La première étape a été l'aménagement du Bas fond de Dano, avec une importante retenue d'eau, désormais pleinement opérationnel et qui a profondément changer le quotidien de centaine de paysans. Dans la foulée, une des écoles les plus moderne du pays a vu le jour pour accueillir les enfants de ces producteurs, qui, hausse du niveau de vie aidant, préfèrent les voir apprendre à lire et écrire plutôt que de les obliger à travailler dans les champs dès le plus jeune âge. A moins de trente élève par classe, de nombreuses familles burkinabè envieraient de telles conditions de scolarité. De fait, tous les enfants de la ville sont scolarisés.

L'école maternelle de Dano, le 25 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/80 s
                  ISO 800



Les époux Dreyer en visite dans l'école de Dano, le 25 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 45 mm
                  f/4
                  1/80 s
                  ISO 800


Désormais, pour reprendre l'expression de Gisbert Dreyer, le "nouveau champ de bataille" se trouve plus loin, dans les villages qui bordent Dano. Ainsi, depuis quelques années, de nouveaux bas fonds sont aménagés et les champs de riz se multiplient et prospèrent. Les producteurs bénéficient de l'expérience acquise par le Fondation et de son soutien pour produire un riz qui sera étuvé à l'énergie solaire dans l'usine locale. L'usine, opérationnelle depuis quelques années, est visible à l'entrée de la Fondation, reconnaissable à ses grandes paraboles de miroir qui focalisent la chaleur solaire sur des cibles métalliques où l'eau est portée à ébullition. A l'intérieur du long bâtiment, des femmes de la ville trient et mettent en sac  le riz étuvé prêt à la vente.


Usine d'étuve du riz à l'énergie solaire, Dano le 24 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 55 mm
                  f/4
                  1/60 s
                  ISO 1 000



Triage du riz après étuvage, Dano le 24 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 50 mm
                  f/4
                  1/125 s
                  ISO 1 000


Les époux Dreyer ne manquent pas de rendre visite chaque année à tous les acteurs et bénéficiaires de leur Fondation, qui, après Philippe Arnold, est désormais dirigée par Laurent Sedogo, ancien Ministre de l'agriculture. Ces visites sont l'occasion de faire le bilan des actions en cours et de mettre en place les projets futurs qui assure le rayonnement de Dano sur toute la province.

mercredi 29 novembre 2017

Le président Macron guidant le peuple burkinabè

Il est venu, il a parlé et son auditoire l'a applaudi.
Il faut dire qu'il a salué le côté marxiste de l'amphithéâtre qui l'accueillait, lui le président des extrêmement riches et des actionnaires.
Nous n'avons pas échappé à l'hypocrisie d'un président de plus, venu dire que la France-Afrique c'est fini, pour de vrai cette fois (tout comme l'avais fait les trois précédents présidents français).
Ce qui est déroutant surtout, c'est de voir autant de burkinabè l'applaudir et se masser le long des routes pour l'apercevoir et le saluer, comme s'il était l'oracle tant attendu.

Le Président Macron guidant le peuple burkinabè, Ouagadougou, le 28 novembre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 82 mm
                  f/10
                  1/640 s
                  ISO 400

Il me semble que cette sculpture de bronze devant les drapeaux des deux pays, à proximité de la Patte d'oie, résument tous les non-dits de ce voyage médiatique et bien pensant.
Nous la rebaptiserons donc : le président Macron guidant le peuple burkinabè

vendredi 17 novembre 2017

Sous un manguier de Boromo

Boromo, ville étape entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso est pour beaucoup l'occasion d'un arrêt bière/poulet frit au bord du goudron.
Chaque passage dans cette ville m'impose une halte un peu plus longue. Comment en effet voir Boromo, sans passer par la cour de Bomavé Konaté? Le vieux manguier délivre inlassablement son ombre fraiche, à l'angle arrière de l'hôpital. A son pied, un amoncellement de copeaux de bois de fromager renseigne sur l'utilisation de ce lieu : il s'agit de l'atelier de sculpture en pleine rue où la fratrie Konaté, issue du village de Oury,  exerce son art face au portail vert de la cour familiale. A l'intérieur de l'habitation, s'entasse une centaine de reproduction des masques bwaba et des sculptures d'inspiration plus moderne ainsi qu'un nombre impressionnant de pintades en bois peint qui seront exposées en France dans les mois qui viennent. Le tout dissimulé sous la pénombre d'une végétation abondante.

Dans la cour de Bomavé Konaté, Boromo, le 26 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/60 s
                  ISO 2 000


Bomavé Konaté au travail, Boromo le 26 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/500 s
                  ISO 500


Sous le manguier, la daba traditionnelle demeure l'unique outil de travail des artistes. Un même manche pouvant accueillir alternativement toutes sortes de lames, plates ou courbes, larges ou fines. Contrairement aux sculpteurs de Ouagadougou qui  sont depuis longtemps passés à un stade semi industriel de reproduction de masque en délaissant les outils de leurs pères pour des machines outils "france au revoir".

Sous le manguier de Boromo, l'unique outil électrique est une radio qui diffuse le reggae et les chants traditionnels, bien que le rythme le plus présent soit celui de la daba qui frappe le bois avec précision.
Autour de Bomavé Konaté,  s'activent deux des sculpteurs les plus prometteurs du Burkina Faso par leur précision, leur amour des choses bien faites et leur calme dans le labeur. Izoumi Konaté, petit frère de Bomavé et Noa Konaté, neveu de Bomavé et fils de Tankien qui est bien connu des festivaliers africains dans le sud de la France. Ils ont le geste sûr et le regard affuté. A n'en pas douter, ils seront la génération prochaine des grands artistes du Burkina Faso.

Boromo le 26 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 105 mm
                  f/4
                  1/250 s
                  ISO 500


Noa Konaté, Boromo, le 26 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 60 mm
                  f/4
                  1/125 s
                  ISO 500


Yzoumi Konaté, Boromo, le 26 octobre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 60 mm
                  f/4
                  1/100 s
                  ISO 500


Inlassablement, jour après jour, ils donnent forme au bois mort tandis qu'autour d'eux, les boromolais s'activent. Sur le tapis des rebus de bois, on prend le temps de discuter, on partage le dolo et la viande grillée et on prend des nouvelles des amis de France, de Suisse, de Belgique ou d'Allemagne. Certains d'entres eux, qui ne connaissent Bomavé que par ses voyages annuels en Europe, ferons un jour la traversée pour gouter à ces moments de calme sous le manguier de Boromo. Ils y découvrirons comment sont nées les milliers de pintades sculptées qui garnissent les galeries d'art occidentales.

samedi 28 octobre 2017

Photographe de plateau

En occident, l'usage est de cataloguer, d'étiqueter les professionnels. Ainsi si vous faite de l'animalier, vous ne pourrez faire que de l'animalier sous peine de passer inaperçu. Si vous êtes photographe sportif, il faudra se contenter d'immortaliser des jambes en short toute sa carrière. Les reconversions sont assez rares et nécessitent beaucoup d'énergie et de patience. Il existe quelques contre exemples, tel Yann Artus Bertrand, dont la plupart ignore qu'il fut durant quinze ans le photographe officiel du salon de l'agriculture de Paris. Il est ainsi passé du plancher des vaches aux cimes héliportées. Il a accomplit ces "deux professions" avec le même talent et la même précision, comme beaucoup de professionnels auraient pu le faire. Mais combien aurait réussi à atteindre la reconnaissance du public dans ces deux "professions" ?
Le Burkina Faso n'a pas tant d'états d'âme. Pour peut que vous ayez quelques compétences et de la volonté, si vous savez, avec talent, appuyer sur un bouton, vous serez alternativement photographe animalier un jour, sportif le lendemain, reporter ensuite puis illustrateur avant de tâter du côté des portraitistes.

Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 28 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/320 s
                  ISO 400


Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 29 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/15 s
                  ISO 1 600



Ouagadougou, tournage "Une femme pas comme les autres" de Abdoulaye Dao, le 30 novembre 2008
                  CANON EOS 300D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/5
                  1/20 s
                  ISO 1 600
Cette chance, ou cette liberté offerte à ma profession m'a ainsi mené parfois à flâner sur des plateaux de tournage de cinéma. Photographe de plateau est un peu à part dans la carrière de photographe. Il faut être en phase avec le réalisateur, mais aussi le cadreur : à quoi bon cadrer en grande distance focale si le film est tourné au grand angle. Car il faut que les photographies retranscrivent au mieux l'esthétique de la vidéo.  En revanche, passé l'aspect technique, tout le reste est dans la facilité. Il y a en effet peu de situation où tout ce qui se présente à votre vue est déjà pensé et organisé par des professionnels : un éclairagiste pour l'ambiance lumineuse ; un costumier pour qu'il n'y ai aucun pli sur les vêtements, une maquilleuse pour les portraits, un décorateur pour le fond d'image. Sans parler des acteurs et actrices, habitués à donner la meilleure image d'eux-même.

 La seule difficulté vient du fait que le photographe de plateau représente le type le plus emmerdant qui soit pour tous les autres. Ses déplacements gênent les techniciens. Sa présence déconcentre les acteurs et personne ne comprend sa réelle utilité. Quant au preneur de son, il vous sait son plus grand ennemi dès que retenti le "Moteur !".
Néanmoins, ce sont des conditions de travail des plus agréables. Le rythme de tournage est, dans la plupart des cas très lent. Les temps de préparation de chaque scène sont longs. Et si vous avez la chance d'avoir Serge Henri sur la plateau, vous aurez droit à un sketch d'improvisation permanent. A l'opposé de Ildevert Méda qui profite du moindre moment de répit pour s'isoler et répéter son texte. En revanche, il ne faut pas compter ses heures. Il n'est pas rare qu'un tournage se prolonge tard la nuit.

Ouagadougou, tournage "Hakilitan - mémoire en fuite" de Issiaka Konaté, le 12 janvier 2012
                  CANON EOS 60D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/4.5
                  1/100 s
                  ISO 3 200



Ouagadougou, tournage "Hakilitan - mémoire en fuite" de Issiaka Konaté, le 12 janvier 2012

                  CANON EOS 60D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
                  Distance focale : 50 mm
                  f/2.5
                  1/160 s
                  ISO 3 200


Il est regrettable que la production cinématographique du Burkina Faso soit devenu aussi pauvre au fils des ans, malgré un FESPACO qui a longtemps été moteur pour la profession.


jeudi 28 septembre 2017

La fabrique de poussière

Proximité de Ouagadougou, le 8 septembre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/5
                  1/1 250 s
                  ISO 100


Après la pluie vient le beau temps. Et en Afrique le beau temps est invariablement accompagné de poussière. Septembre annonce la fin de la saison des pluies sur le Plateau Central. Les derniers orages sont de plus en plus espacés dans le temps et leurs trombes d'eaux sont vite absorbés par le sol, dont la terre se détache en fines particules que le moindre courant d'air soulève.

Proximité de Ouagadougou, le 8 septembre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/800 s
                  ISO 250

Proximité de Ouagadougou, le 8 septembre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/1 000 s
                  ISO 320


Dans ces conditions, un reportage dans une carrière de granite aux abords de Ouagadougou vous plonge dans un brouillard étouffant et abrasif. Dans un tel environnement, on pourrait croire que la poussière est fabriquée ici tant il y en a à revendre. Le port du masque filtrant est une nécessité dont pourtant se passe un grand nombre d'ouvriers et dont souffre également mon matériel photographique, mes yeux et mes poumons. Les crânes transpirent sous les casques et sur cette transpiration se fixe une couche de crasse jaune et rouge.

Proximité de Ouagadougou, le 8 septembre 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 105 mm
                  f/4.5
                  1/3 200 s
                  ISO 100


Le bruit empêche toute conversation tandis que de gros blocs de pierres sont broyés en cailloux calibrés qui composeront le béton des immeubles en construction de toute la capitale burkinabè. Les puissants engins de chantier se déplacent avec facilité dans ce décor beau et pourtant inhospitalier. Les hommes y paraissent si petits qu'on comprend que cet endroit n'est pas fait pour eux. Même la lumière du soleil est lourde quant vers midi, les ombres tombent à la vertical. Ce qui ne dissuade pas une jeune Peul de proposer le lait de son troupeau à la vente, si loin du confort de la civilisation. 

Proximité de Ouagadougou, le 24 aôut 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/250 s
                  ISO 100


Pourtant, à quelques centaines de mètres de là, derrière les collines d'où sont extraites la pierre brute, le paysage et l'ambiance changent radicalement. Le relief fait disparaître le bruit des hommes et de leurs machines au travail. Les dernières pluies alimentent encore de petits lacs dont on devine qu'il doit s'y trouver quelques silures dans la végétation qui gravite autour des ilots granitiques. Les falaises se découpent sur fond de ciel bleu, attendant qu'un jour la dynamite ne les réduise en gravier et en poussière, avec la fureur complice de Caterpillar.

jeudi 27 juillet 2017

le jeu des 1 000 différences

PHOTOSHOP reste un outil indispensable dès lors que le graphisme prend le pas sur la photographie. L'illustration publicitaire est devenue incapable de se regarder en photographie sans un minimum de trois ou quatre jours de retouches expertes. Avec un tel acharnement à travestir le réel, on ne peut plus parler de photographie mais bien d'illustration.


Tout récemment, j'ai eu à réaliser un encart publicitaire pour la compagnie de transport burkinabè RAHIMO. Encart qui nécessitait une prise de vue des bus flambant neufs de la compagnie. En temps normal, on choisi un jour de prise de vue, avec l'assurance d'un beau ciel bleu quasi permanent sur Ouagadougou, il ne reste qu'à trouver un lieu propre et dégagé et le tour est joué.
A ceci prêt que la saison des pluies déjà bien installée ajoute une part non négligeable d'imprévu à l'exercice. Face à l'urgence de produire l'illustration, il n'a pas été possible de différer la séance photographique malgré la lourdeur d'un ciel noir et des pluies vite devenues torrentielles. Et la phrase tant détestée refait surface :
- Pas grave, on le corrigera sur PHOTOSHOP ...

Arrêter la pluie en pleine saison de mousson n'est malheureusement pas aussi simple que de repasser une nappe ou ôter quelques miettes. Sans compter que l'unique décor disponible sous ce déluge était loin de répondre au cahier des charges publicitaire.
Deux jours de photoshop plus tard, le ciel est redevenu bleu, les gouttes d'eau ont disparu de la carrosserie, tout comme les reflets disgracieux qui gênaient la lisibilité du logo. L'enseigne retrouve un jeunesse qu'elle n'a probablement jamais eu et les câbles électriques anarchiques ne déchirent plus le ciel ni ne lézardent le décor. Nous sommes passé de la photographie à l'illustration publicitaire.


Entrée du siège social RAHIMO, Ouagadougou, le 06 juillet 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/100 s
                  ISO 640



Il est toujours bon de se confronter à la réalité et de prendre le temps de voir l'envers du décor. Cela n'enlève rien au plaisir de prendre la route.

lundi 10 juillet 2017

Le logiciel qui rend fainéant (et bête)

Quel photographe n'a pas entendu lors d'une prise de vue :
- Pas grave, on le corrigera sur photoshop !

La dernière fois que je l'ai entendu, c'était pour une prise de vue culinaire. Une appétissante pâtisserie, vulgairement posée sur une nappe bordeaux, non repassée et pleine de peluches blanches... Et bien non, on ne les corrigera pas avec l'outil "fer à repasser" et "anti-peluche" de photoshop. Avant cela, j'avais eu droit à un individu qui souhaitait une belle vue de la façade de son immeuble et qui me fait venir le jour du ravalement, avec un échafaudage couvrant tout l'édifice. Et bêtement il m'interroge :
- Mais vous ne pouvez vraiment pas l'enlever avec vos logiciels ?
Là encore, ma version de photoshop ne dispose pas de l'outil anti-échafaudage. C'est pourtant simple à comprendre : pour faire un beau cliché d'une façade sans échafaudage, il faut faire la photographie quand les travaux sont terminés. Et si le cuisinier veut une photographie d'une tarte à la crême sur un beau tissé propre et lisse, il ne tient qu'à lui de fournir un beau tissé propre et lisse le jour de la prise de vue. Quitte à lui même le repasser.
Le photographe quant à lui pourra alors s'appliquer à faire son travail, c'est à dire composer la meilleure lumière possible, adapter son cadrage et ses réglages pour mettre en valeur la crème et le sucre et ainsi susciter la gourmandise sans avoir à passer des heures devant un écran parce qu'un idiot n'a pas souhaité passer quelques minutes devant le hublot de la machine à laver puis derrière la table à repasser.
Il n'appartient pas au photographe de réparer les imperfections, ni de se substituer a toute personne assez fainéante pour osez penser qu'il n'y a qu'à se débrouiller avec photoshop pour masquer la médiocrité de son travail.

Il en est de même pour les portraits : qui n'a pas un grain de beauté en trop sur la joue ou sur la poitrine ? S'il sont là, il seront sur la photographie. Arrêtons de nous prendre pour des figures de la mode multi-retouchées jusqu'à la perfection excessive et outrancière et acceptons la réalité des choses sans la travestir. A défaut, toute correction peut être effectuée avant la prise de vue. Les fabricants de maquillage en ont fait leur business, ce n'est pas au photographe de leur casser le marché. Avec ou sans photoshop, ce sera toujours une erreur de tenter de ressembler à une icone de publicité pour du yaourt ou du dentifrice. Le miroir chaque matin vous ramènera à vos complexes.
Les photographies de groupe sont également les déclencheurs infini de querelles. Il y a toujours une personne absente qui tente de convaincre de la nécessité de se faire ajouter sur le cliché. A ceux là je répond :
- Si tu veux être sur la photo, il fallait être là pour la prise de vue.
Quant à ceux qui voudrait finalement n'y point figurer, il fallait y penser avant que le doigt du photographe n'actionne le déclencheur.

mardi 6 juin 2017

Sigma 150-600 F5-6.3 DG Contemporary

Renouveler son matériel photographique au Burkina Faso n'est pas chose facile. La tentation première reste de faire ses achats en occident pour les rapatrier ensuite au pays. Cela permet de bénéficier d'une véritable garantie après vente et cela assure d'acheter du matériel neuf et en bon état.

Pour ceux qui n'ont pas cette possibilité, il existe un fournisseur de matériel de prise de vue, à proximité de  l'UEMOA, derrière l'hotel Nazemsé : il s'agit de la boutique VARIETE. Sa façade est assez discrète mais l'intérieur est plutôt bien fourni en matériel de tout genre, toute marque et surtout de qualité. Bien évidemment, le stock sur place est en corrélation avec le marché local, on trouvera donc en majorité des boitiers et des optiques d'entrée de gamme. On trouve aussi tous les petits consommables nécessaire, ainsi que tout le matériel d'appoint tel que réflecteurs, trépieds, monopied, pare-soleil, chargeurs, batteries, cartes mémoire ou DVD vierges, et ce, dans toutes les marques les plus courantes.
Mais surtout, il est possible de passer commande d'à peu près tout type de matériel qui n'est pas en stock, avec un délai de livraison de 7 à 10 jours. C'est ainsi que j'ai complété ma panoplie d'optiques avec le téléobjectif Sigma 150-600 F5-6.3 DG Contemporary.

Me basant sur des critiques systématiquement positives de cette optique, je n'avais pas à être déçu du résultat. Assez naturellement, j'ai tourné les 2kg de verre, de métal et d'un peu de plastique en direction de l'objet visible le plus éloigné de Ouagadougou en guise de premier test. Et sans surprise, la qualité est au rendez-vous.

Ouagadougou, le 1er mai 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/6.3
                  1/500 s
                  ISO 400

Ouagadougou, le 5 mai 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/6.3
                  1/800 s
                  ISO 500


Pour la photographie animalière, les abords des cours ougalaises demeurent plutôt limités en sujets de prise de vue, on se contentera malgré tout de la faune urbaine pour apprécier les possibilités de ce gros caillou Sigma, en attendant une virée en brousse pour une plus grande variété animale. On ne se privera pas toutefois de la satisfaction de voir que le petit oiseau bleu et rouge situé à cinq mètres de distance sera rendu avec la même précision, la même finesse et un piqué aussi remarquable que l'astre de la nuit à 375 000 kilomètres du photographe.

Ouagadougou, le 21 mai 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/6.3
                  1/125 s
                  ISO 800



Ouagadougou, le 27 mai 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/6.3
                  1/125 s
                  ISO 800


Ouagadougou, le 27 avril 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/9
                  1/320 s
                  ISO 800


Ouagadougou, le 27 avril 2017
                  CANON EOS 60D / SIGMA 150-600 F5-6.3 DG Contemporary
                  Distance focale : 600 mm
                  f/9
                  1/800 s
                  ISO 800

lundi 22 mai 2017

Gadgetisation de la photographie

Il se passe avec le matériel photographique ce qui est déjà arrivé avec les téléphones portables. Après une période de croissance portée par des améliorations techniques, il devient de plus en plus difficile d'imposer le renouvellement des boitiers auprès des utilisateurs (entendre par là "les clients").
La solution marketing est alors toujours là même : quand l'indispensable atteint un niveau optimal, il convient de le remplacer par le superflu. Certes il y aura toujours une avance qualitative dans les boitiers professionnels, mais les boitiers reflex, même d'entrée de gamme offrent des qualités de prise de vue remarquables et les logiciels de dématriçage décuplent leurs possibilités.
Pour séduire un nouveau public et encourager le renouvellement d'un matériel pourtant toujours  fonctionnel, les fabricants imposent donc des gadgets dont l'utilité est contestable. Certains appareils photographiques hyperspécialisés (photographie à 360°, à mise au point variable...) s'exhibent dans des reportages publicitaires où ils se présentent comme l'innovation qui va révolutionner la photographie. En réalité, si cette sur-exposition bouste les ventes durant quelques semaines, elle retomberont vite.

Les heureux possesseur d'une optique fish-eyes connaissent bien le principe : on achète sur un coup de cœur un gadget "génial", avec lequel on s'amuse abusivement durant quelques jours, puis on se rend compte que son usage est trop contraignant, trop restrictif. On constate vite que l'on fait toujours la même chose et on finit par le remettre à sa place : c'est à dire sur une étagère qu'il ne quittera qu'à de rares occasions. La révolution annoncée par les sites marchand ne s'étendra finalement guère plus loin que le bord de votre étagère.

Avec les appareils à 360°, comme le modèle Panono; on doit en plus utiliser un logiciel spécifique pour visualiser les clichés. Idem pour les boitiers à mise au point variable. Alors très vite on laisse tomber l'innovation du siècle pour revenir, au mieux à son boitier réflex et au pire à son smart-phone, qui lui aussi au moment de l'achat promettait les meilleurs photographies du monde mais s'avère décevant à l'usage. Et dans 10 ans, quand toutes ces technologies auront été rendues obsolètes par d'autres gadgets, que les logiciels ne seront plus développés, l'ensemble des clichés réalisés seront devenu illisibles. Ils auront de toute façon été oublié depuis longtemps.

lundi 8 mai 2017

Les ruines de l'article 37

Ayant, comme tout citoyen burkinabè, vécu la fin du régime de Blaise Compaoré et du CDP, il m'a semblé important de fixer définitivement et avec un regard artistique les restes des bâtiments de l'Assemblée nationale après le passage des manifestants. J'ai prit soin d'attendre que la poussière et la colère ne retombent pour solliciter une autorisation de prise de vue qui me permettrais de déambuler librement dans les vestiges de la fureur citoyenne.

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/250 s
                  ISO 500

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/7.1
                  1/1 000 s
                  ISO 800

De ces jours de manifestations, de routes barrées, de foules humaines faisant face avec courage aux tirs de kalachnikov de militaires dévoués à leur chef à vie, mais n'y croyant déjà plus tellement, il demeure de nombreuses photographies ou morceaux de vidéos, souvent floues et tremblantes que les burkinabè ont partagés en direct sur les réseaux sociaux. Certains médias étaient là et ils ont également diffusés ces images amateurs. Tout ce contenu deviendra archives, si ce n'est pas déjà le cas.
Le reportage photographique que je présente ici intervient deux ans après les évènements. Au moment où la question du devenir de ces bâtiments endommagé se pose. Déjà, l'ancien hémicycle n'est plus accessible, les murs menaces de s'effondrer et le bâtiment a été muré pour éviter tout risque d'accident. Les locaux administratifs sont encore accessibles. Ils témoignent de la violence des incendies qui ont détruit les lieux. Les carcasses de véhicules calcinés encombrent encore la cour, à l'ombre de murs noircis par le fumée. Des bâtiments, il ne reste que le béton et un peu de tôles déformées, voire fondues par la chaleur. Dans certaines pièces, quelques documents encore lisibles sous une couche de poussière fine. Mais le plus souvent, dans les pièces du rez de chaussée, il faut pour avancer s'enfoncer dans vingt centimètres de cendre grise et fine.
Tout est noir et blanc, à l'exception, dans les étages, des sécurités incendie dont le rouge vif nous rappelle qu'il s'agit là de photographie en couleurs. Durant toute la prise de vue, je suis escorté par un policier particulièrement bienveillant sur ma sécurité tout en me laissant me déplacer à ma guise dans ce décors d'apocalypse.

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/6 s
                  ISO 500

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/13
                  1/250 s
                  ISO 400

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 28 mm
                  f/14
                  1/50 s
                  ISO 400


Dans le passé, j'ai connu ces lieux, vivants et entretenus, avant que ne passe la colère populaire face à un article 37 qui n'aurait pas du être modifié. Il en reste pour l'histoire et les archives ces clichés de rouille et de suie, dans le silence des bâtiments éventrés, en plein centre de Ouagadougou. Une ruine qui finira par s'effondrer si elle n'est pas réhabilitée et qui nous rappellera, à toute fin utile, que la démocratie ne se négocie pas et qu'à trop la maltraiter, le résultat n'est jamais glorieux pour les coupables.

dimanche 23 avril 2017

Bourses Jeunes Talents Fondation JL Lagardère

La Fondation Jean Luc Lagardère ouvre un appel à candidature pour des bourses de création concernant de nombreux domaines d'activités. La photographie y est doté d'un montant de 15 000 euros (soit environ 9 840 000 Fcfa).

Il faut avoir moins de 35 ans et une première expérience professionnelle réussie dans le domaine de la photographie pour y participer.
Les dossiers d’inscription sont téléchargeables sur le site de la Fondation Jean-Luc Lagardère et doivent être envoyés au plus tard le samedi 10 juin 2017.

De nombreux autres bourses sont proposées (pour certaine, la limite d'âge est de 30 ans) : Bourse Auteur de documentaire : 25 000 € ; bourse Auteur de film d’animation : 30 000 € ; bourse Créateur numérique : 25 000 € ; bourse Écrivain : 25 000 € ; bourse Journaliste de presse écrite : 10 000 € ; bourse Libraire : 30 000 € ; bourse Musicien, catégorie Jazz et musique classique : 12 500 € ; bourse Musicien, catégorie Musiques actuelles : 12 500 € ; bourse Producteur cinéma : 50 000 € ; bourse Scénariste TV : 20 000 €.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page de présentation de la campagne de lancement des bourses.

jeudi 20 avril 2017

Exposition "Carnet de notes"

Affiche de l'exposition

Généralement, les ratés photoshop se limitent aux publications internet des particuliers et plus rarement aux magazines populaires. Il est en revanche plus rare d'être confronté à un photoshopeur du dimanche dans une exposition d'un centre culturel. Pour l'humour involontaire, je vous recommande l'exposition "Carnet de Notes", regroupant six photographes burkinabè au Centre Georges Mélies de Ouagadougou, avec une salve d'applaudissements pour le commissaire d'exposition qui a laissé passer la série de clichés intitulée "Fosse ouverte à Saaba" d'un jeune photographe nommé Ibrahim Regtoumda. Autant le dire tout de suite, pour lui la note sera mauvaise.

Il pensait vraiment que personne ne remarquerait ?

© Ibrahim Regtounda, 2017
L'éclat de rire se trouve sur le mur de gauche de la Kfête, excellent lieu de restauration mais pour la qualité des photographies présentées, on repassera. Que dire de ce cliché dont manifestement plus de 50 % de la surface est une répétition monotone d'un même motif. Déjà que le sujet de départ n'a pas grand intérêt, si en plus il faut se farcir 60 fois la même motte de terre ! On se demande vraiment si cette image mérite une telle exposition. Même l'eau a été rajoutée, ce qui se devine aux bords flous de la berge. Sur le même mur, au moins trois autres clichés ont ainsi été massacrés à la truelle adobe. Nous sommes là face à un travail de débutant qui n'a pas encore atteint le niveau d'amateur.

Détails des zones qui n'ont pas été retouchées
Détail des zones qui ont été massacrées

Heureusement, les autres photographes de l'expositions font preuve d'honnêteté dans leur créations.

Après le fou rire que nous adresse Ibrahim Regtoumda, il est possible d'admirer les clichés de compositions esthétiques de Michel Zangré, intitulé "Nature", dont certaines sont assez remarquables. Son travail se trouve au font de la cour, sous la paillotte. En dépit d'un accrochage qui mériterait plus de soins, on prend plaisir à flâner devant ses photographies qui mettent l'accent sur de petits détails de la brousse burkinabè. Dans la salle de la rotonde, en face de la Kfête, on prendra également plaisir à parcourir un très bon reportage réalisé par Mohamed Ouédraogo sur les travailleurs de la carrière de granit de Pissy. Il s'agit là d'un regard à caractère social et humain que les tirages en grand format mettent particulièrement en valeur.

Tous ses photographes sont débutants, on sent les limites de leur matériels, probablement des optiques et des boitiers d'entrée de gamme qui manquent de piqué et obligent à pousser un peu trop les filtres de netteté pour compenser. Mais hormis le laborieux et médiocre photoshop des trous d'eau, l'exposition permet de mettre la lumière sur quelques uns des jeunes qui seront les photographes professionnels de demain au Burkina. Et certains d'entres eux ont un regard que je leur souhaite de développer dans les années qui viennent.

Exposition à voir jusqu'au 29 avril 2017 au Centre Culturel Georges Méliès de Ouagadougou.

jeudi 13 avril 2017

Un ministre dans la nuit

27 février 2017, le Ministre de la Coopération allemande, Gerd Müller est attendu à Dano pour une visite de la Fondation Dreyer. La population locale est venue nombreuse accueillir l'un des plus grands pourvoyeurs de fonds potentiel pour de développement économique de la petite ville de province, à l'initiative de Gisbert Dreyer. Les producteurs locaux sont tous présents et le dolo coule flot et déborde à l'excès, ce qui ne se fera pas sans quelques accidents de circulation le soir venu.

Gerd Müller et Gisbert Dreyer à Dano le 27 février 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/200 s
                  ISO 5 000

Les femmes ont alignées leurs plus grandes marmites à l'ombre du barrage qui fait vivre la communauté, pour alimenter en viandes et en riz (local et étuvé sur place à l'énergie solaire) les buveurs de dolo sans modération. Les festivités de la journée battent leur plein et la nuit approche, tout comme le Ministre de la Coopération allemande. Les photographes locaux viennent me voir un à un, ravi qu'un blanc de la profession soit présent. En réalité, sitôt les salutations passées, ils n'ont qu'une idée en tête : mendier du matériel photo gratuit que je pourrais leur envoyer depuis la France. Alors dès que je leur apprend que suis burkinabè et vit à Ouagadougou, ils s'éloignent de moi avec la déception de celui qui vient de perdre tout espoir de toucher le magot sans effort ni travail.
Il sera finalement 18h32 lorsque le Ministre allemand descendra de son véhicule, en provenance de Bobo-Dioulasso. Autant dire que le soleil sera déjà largement masqué par les collines dénudées environnantes. Et il ne restera que quinze minutes avant l'obscurité totale qui mettra fin à mon activité de photographe dans cette zone sans électricité.

Triage du riz avec le Ministre, Dano, le 28 février 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/4
                  1/100 s
                  ISO 800

Visite de l'école maternelle de Dano, le 28 février 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 47 mm
                  f/5
                  1/100 s
                  ISO 1 600

Gerd Müller en compagnie des Chefs coutumiers de Dano, le 28 février 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/5
                  1/1 600 s
                  ISO 320

Heureusement, le lendemain matin, la visite de l'usine solaire d'étuvage du riz puis de l'école primaire de Dano, deux projets développés par la Fondation Dreyer, permettront à la visite ministérielle de produire de plus belles images. Et je dois reconnaître que Mr Müller s'avère très à l'aise pour se fondre dans la population. Je retrouve en lui la jovialité populaire et sincère que pouvait avoir Jacques Chirac en France il y a quelques années et la même façon d'être à l'aise en toute circonstance.
Qu'une calebasse traine par là, et elle finira sur la tête du Ministre. Il n'hésite pas à prendre place au milieu des salariés pour reproduire leurs gestes, comprendre leur travail et échanger avec eux, ni à prendre provisoirement la place de l'instituteur dans une classe de maternelle, avant de chanter l'hymne national Burkinabè au milieu des bambins. Sans oublier la distribution de ballons de football et maillots des équipes allemandes pour les plus grands. Les policiers chargés de sa sécurité durant son séjour repartiront avec des lampes torches solaires. De quoi braquer la lumière sur lui lors de sa prochaine venue à la nuit tombée dans le bas-fond de Dano.