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samedi 12 novembre 2016

Traiter un format raw en open source 2/2


Nous allons maintenant tester le développement raw avec les logiciels suivants : Ufraw, Digikam et Rawtherapee. A l'ouverture du fichier brut, des différences significatives apparaissent : Ufraw affiche une image très sombre, fortement contrastée et saturé en rouge. Le contraste est moins marqué avec Digikam et les couleurs plus naturelles. Rawtherapee semble appliquer des corrections dès l'affichage du fichier, si bien qu'il l'affiche moins sombre que tous les autres. Le rendu des couleurs est bon. Au niveau du bruit, Digikam et Rawtherapee sont à peu près équivalent. Seul Ufraw affiche un grain très fort et saturé en couleur ainsi qu'une surreprésentation des pixels chauds.

Image brute, affichée par Ufraw
Affichage de l'image brute 1/1 avec Ufraw
Image brute, affichée par Digikam
Affichage de l'image brute 1/1 avec Digikam
Image brute, affichée par RawTherapee
Affichage de l'image brute 1/1 avec RawTherapee
Passons maintenant au développement avec ces trois logiciels.

Ufraw (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v2)
(temps de traitement : plus de 30 mn avec de nombreux plantages)
Ne laissons pas planer le doute plus longtemps, le résultat sera le plus décevant de tous les logiciels testés. La température des couleurs se paramètre facilement mais la gestion du bruit se fait à grande peine : il faut choisir entre un flou excessif où la présence de pixels rebelles et disgracieux sur toutes les zones sombres. Les pixels chauds sont quasiment impossible à masquer sans rendre complètement flou le cliché. Et à moins de recourir à l'outil tampon sur Gimp, il resteront visibles. Les aberrations chromatiques sont nombreuses et nuisent au rendu de l'image, qui reste peu réaliste et semble alors provenir d'un boitier vieillissant et bas de gamme. Le boitier et l'optique sont pourtant correctement reconnus par le logiciel. Les corrections chromatiques ne sont accessible que par des courbes dont la précision est hasardeuse. La récupération des zones sombres ou claires est largement insuffisante. Il faut aussi tenir compte des multiples plantages du logiciel qui nécessitent de reprendre tous les réglages. Finalement, le temps de travail s'avère particulièrement long pour un résultat médiocre, trop contrasté et une présence de bruit sur fond d'image floue.
En conclusion, Ufraw traite les raw, mal et laborieusement. Il a le mérite d'offrir une reconnaissance des formats bruts pour utilisateurs de Gimp, mais, à mon grand regret, on attendra une version plus aboutie avant de lui confier des photographies professionnelles. A noter également que si Ufraw travaille en 16 bits par canal, une fois dans gimp, l'image n'est plus qu'en 8 bits par canal. Gimp 3.0 devrait un jour réparer cette injustice...

Image développée avec Ufraw
Affichage 1/1 de l'image développée avec Ufraw

Digikam (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v2)
(temps de traitement : 5 à 10 mn)
Il constitue la bonne surprise de ce test. Digikam, depuis qu'il permet le traitement des fichiers raw s'avère proche de lightroom (sans toutefois posséder la puissance du moteur camera raw). Bien qu'un peu lourd en ressource système (ce qui n'est pas surprenant pour l'affichage d'une photothèque raw), en complément de fonctionnalité de classement et d'archivage, sa gestion des formats bruts est efficace. La prise en main n'est certes pas immédiate mais ne présente pas de difficultés majeures. Mais la richesse des traitements de couleurs et des améliorations en 16 bits par couche en font un outil efficace, offrant un résultat bien supérieur à ce que permet Ufraw.
Je conseille de déverrouiller toutes les corrections automatiques à l'ouverture d'un fichier brut.
Ainsi, dans la configuration du logiciel, à la rubrique "Décodage raw", onglet "Comportement", cocher "Toujours ouvrir l'outil d'importation pour personnaliser les réglages". Puis dans l'onglet "Paramètres par défaut", décochez toutes les options.
A l'ouverture d'un fichier, l'image apparait alors brute de prise de vue, avec un choix de paramètres de "dématriçage" incluant : la température des couleurs, la gestion du grain et de la netteté, du point noir et du point blanc, réglages que vous pourrez optimiser en fonction du cliché.
Sans atteindre la précision des logiciels propriétaire, Digikam s'avère efficace dans ses fonctionnalités bien qu'elles soient limitées. La photographie ainsi ouverte dans l'éditeur d'image permet ensuite d'affiner chaque réglage via les deux menus "Couleurs" et "Améliorations". Là encore, ce n'est pas du photoshop. Mais les possibilités sont suffisantes et le mode d'affichage des corrections Avant/Après très pratiques.
Au final, l'image produite reste légèrement moins nette, plus lumineuse et plus bruitée que pour ses concurrents commerciaux, tout en demeurant amplement acceptable. on ne se sent pas limité par ses fonctions comme avec Ufraw. Digikam est donc une porte d'entrée open source vers le traitement des fichiers raw, pour ceux qui, jusqu'à présent, se contentaient du jpeg et qui n'ont pas accès à une licence propriétaire. Il est même, par ses fonctions d'archivage, un honorable concurrent à lightroomfacile à dompter et permettant un premier pas en direction de l'utilisation des fichiers bruts et de la gestion d'une bibliothèque d'image dans ce format. Il prendra avantageusement la place du si décevant Ufraw pour générer des fichier tiff, éditables sur Gimp.
Image développée avec Digikam
Affichage 1/1 de l'image développée avec Digikam
Rawtherapee (logiciel multi-langue pour OSX, Windows et Linux, sous licence GPL v3)
(temps de traitement : environ 45 minutes)
Nous sommes là, face à un logiciel de loin le plus complexe et le plus complet qui soit pour le traitement de notre fichier. Ouvrir Rawtherapee vous donne l'impression de vous asseoir au commande d'un Airbus A320, avec un permis de voiture en poche. Indéniablement, il s'agit d'un logiciel hyper-spécialisé, qui permet de tout réaliser et de multiple façons. Au point qu'il en donne le vertige. Il nécessite de sérieuses connaissances en imagerie numérique afin de comprendre ce qu'il fait. Le tout est de savoir si, en tant que photographe, on prend davantage de plaisir lors des prises de vue ou si on préfère passer son temps à déplacer une multitude de curseurs durant des heures sur un écran d'ordinateur. Car la profusion de réglages interdépendants et de possibilités offertes tendent vite vers l'infini. Le logiciel s'adresse d'avantage aux "techniciens de laboratoire" minutieux qu'aux photographes.
Vous pouvez vous en faire une idée en suivant ce lien

La lecture du manuel (100 pages) ne sera donc pas de trop pour le prendre en main. Au final, notre photographie sort avec plus de bruits et d'artefacts que pour ses concurrents commerciaux. Les corrections de couleurs sont d'un bon niveau, bien que trop complexe à paramétrer, si bien qu'il est difficile d'arriver à un résultat satisfaisant. La récupération des nuances dans les très hautes lumières est par contre remarquable. Bref, pour peu que l'on ai beaucoup de temps, la conviction, la motivation et le courage, Rawtherapee est la meilleure solution logiciel libre pour vos fichiers raw. Mais également la plus difficile à maîtriser, au point qu'il en découragera beaucoup, qui se tournerons donc vers Digikam, avec lequel il parviendront plus rapidement à un résultat satisfaisant.
L'un comme l'autre ne remplacent pas totalement les solutions commerciales, plus complètes et plus fines, mais ils sont une porte d'entrée tout à fait respectable vers le traitement des fichiers bruts. Alors que Ufraw aurait plutôt tendance à vous en décourager.
Image développée avec RawTherapee
Affichage 1/1 de l'image développée avec RawTherapee


Lien de téléchargements :
Ufraw (pour les téméraires)
RawTherapee (pour les acharnés)
Digikam (pour le plus grand nombre)

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