C'était il y a quelques mois, dans les derniers temps d'une transition haletante. Le Président Kafando, peu avant de déposer la présidence, lançait la cérémonie de proclamation des premiers Trésors Humains Vivants du Burkina Faso. Bomavé m'a appelé, fidèle à lui même, pour me demander de l'accueillir au car en provenance de Boromo, alors que la cérémonie débutait déjà. Le temps de se faufiler dans les embouteillages ouagalais, et nous n'avons vu de la cérémonie dont il devait être acteur, que le banquet de clôture.
J'ai rencontré Bomavé en 1999, à l'occasion d'un séjour de trois mois dans le parc artistique qu'il mettait en place depuis déjà quelques années. Depuis nos chemins se sont régulièrement croisés, au gré de mes venues au Burkina et de ses séjours en France. Je l'ai vu construire petit à petit le Parc International des Arts Manuels et Traditionnels (PIAMET), se tromper parfois et recommencer toujours. Il s'active inlassablement sous l'ombre de son manguier où ses petits frères et neveux le rejoignent pour apprendre le métier de sculpteur. Il lui arrive de boire, trop, mais il est bwaba ; les burkinabè savent ce que cela veut dire. Pourtant il ne vieillit pas. Dans son regard continue à briller la lueur de l'adolescence festive. C'est probablement ce qui en fait un acteur majeur de la culture burkinabè : là ou il sculpte, il danse et assure le spectacle.
Bomavé Konaté, Boromo le 1er novembre 1999 |
Tourmignie, le 13 juillet 2006 |
CANON EOS 300D
Distance focale : 21 mm
f/3.5
1/320 s
ISO 200
f/3.5
1/320 s
ISO 200
Boromo, le 9 novembre 2007 |
CANON EOS 300D
Distance focale : 55 mm
f/5.6
1/60 s
ISO 400
f/5.6
1/60 s
ISO 400
Sa maison, à Boromo est un musée en visite libre où il est permit d'admirer et d'acheter des reproductions de masques rituels. Contrairement à ceux qui se vendent à Ouagadougou, ceux-ci sont encore sculptés à la daba par les membres de la famille Konaté. A Oury, leur village d'origine, ils sont quelques-uns à être initiés et habilité pour sculpter les vrais masques rituels, ceux qui dansent encore dans les villages animistes et qui ne sont visibles qu'en de rares occasions. C'est dire si un masque de Konaté, même lorsqu'il n'est qu'une reproduction reste une reproduction éclairé par le savoir de son créateur.
La force de Bomavé réside aussi dans sa faculté à osciller entre tradition et modernité. En plus des répliques de masques, auxquelles s'initient ses jeunes frères et neveux, il développe une œuvre personnelle, dont la série des bas reliefs, qui lui ont ouvert les portes de multiples galeries françaises dans le passé. Plus récemment, la multiplication des pintades en bois anime son atelier. Des milliers ont déjà été produites, toutes sculptés à la main et peintes avec un petit bâton, de millions de points blancs qui les rendent uniques de part leurs tailles, leurs posture ou leurs motifs. Mais aussi des pièces de mobilier, imposantes et intégralement sculptées dans la masse avec pour inspiration, le règne animal du Burkina.
La maison de Bomavé, Boromo, novembre 2007 |
Boromo, le 22 novembre 2014 |
CANON EOS 60 D / CANON LENS EF 50 mm f/1.4
Distance focale : 50 mm
f/2.2
1/60 s
ISO 1000
f/2.2
1/60 s
ISO 1000
Le Burkina ne s'est pas trompé en le faisant figurer parmi les premiers méritants du statut de Trésor Humain Vivant.