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jeudi 27 juillet 2017

le jeu des 1 000 différences

PHOTOSHOP reste un outil indispensable dès lors que le graphisme prend le pas sur la photographie. L'illustration publicitaire est devenue incapable de se regarder en photographie sans un minimum de trois ou quatre jours de retouches expertes. Avec un tel acharnement à travestir le réel, on ne peut plus parler de photographie mais bien d'illustration.


Tout récemment, j'ai eu à réaliser un encart publicitaire pour la compagnie de transport burkinabè RAHIMO. Encart qui nécessitait une prise de vue des bus flambant neufs de la compagnie. En temps normal, on choisi un jour de prise de vue, avec l'assurance d'un beau ciel bleu quasi permanent sur Ouagadougou, il ne reste qu'à trouver un lieu propre et dégagé et le tour est joué.
A ceci prêt que la saison des pluies déjà bien installée ajoute une part non négligeable d'imprévu à l'exercice. Face à l'urgence de produire l'illustration, il n'a pas été possible de différer la séance photographique malgré la lourdeur d'un ciel noir et des pluies vite devenues torrentielles. Et la phrase tant détestée refait surface :
- Pas grave, on le corrigera sur PHOTOSHOP ...

Arrêter la pluie en pleine saison de mousson n'est malheureusement pas aussi simple que de repasser une nappe ou ôter quelques miettes. Sans compter que l'unique décor disponible sous ce déluge était loin de répondre au cahier des charges publicitaire.
Deux jours de photoshop plus tard, le ciel est redevenu bleu, les gouttes d'eau ont disparu de la carrosserie, tout comme les reflets disgracieux qui gênaient la lisibilité du logo. L'enseigne retrouve un jeunesse qu'elle n'a probablement jamais eu et les câbles électriques anarchiques ne déchirent plus le ciel ni ne lézardent le décor. Nous sommes passé de la photographie à l'illustration publicitaire.


Entrée du siège social RAHIMO, Ouagadougou, le 06 juillet 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/100 s
                  ISO 640



Il est toujours bon de se confronter à la réalité et de prendre le temps de voir l'envers du décor. Cela n'enlève rien au plaisir de prendre la route.

lundi 10 juillet 2017

Le logiciel qui rend fainéant (et bête)

Quel photographe n'a pas entendu lors d'une prise de vue :
- Pas grave, on le corrigera sur photoshop !

La dernière fois que je l'ai entendu, c'était pour une prise de vue culinaire. Une appétissante pâtisserie, vulgairement posée sur une nappe bordeaux, non repassée et pleine de peluches blanches... Et bien non, on ne les corrigera pas avec l'outil "fer à repasser" et "anti-peluche" de photoshop. Avant cela, j'avais eu droit à un individu qui souhaitait une belle vue de la façade de son immeuble et qui me fait venir le jour du ravalement, avec un échafaudage couvrant tout l'édifice. Et bêtement il m'interroge :
- Mais vous ne pouvez vraiment pas l'enlever avec vos logiciels ?
Là encore, ma version de photoshop ne dispose pas de l'outil anti-échafaudage. C'est pourtant simple à comprendre : pour faire un beau cliché d'une façade sans échafaudage, il faut faire la photographie quand les travaux sont terminés. Et si le cuisinier veut une photographie d'une tarte à la crême sur un beau tissé propre et lisse, il ne tient qu'à lui de fournir un beau tissé propre et lisse le jour de la prise de vue. Quitte à lui même le repasser.
Le photographe quant à lui pourra alors s'appliquer à faire son travail, c'est à dire composer la meilleure lumière possible, adapter son cadrage et ses réglages pour mettre en valeur la crème et le sucre et ainsi susciter la gourmandise sans avoir à passer des heures devant un écran parce qu'un idiot n'a pas souhaité passer quelques minutes devant le hublot de la machine à laver puis derrière la table à repasser.
Il n'appartient pas au photographe de réparer les imperfections, ni de se substituer a toute personne assez fainéante pour osez penser qu'il n'y a qu'à se débrouiller avec photoshop pour masquer la médiocrité de son travail.

Il en est de même pour les portraits : qui n'a pas un grain de beauté en trop sur la joue ou sur la poitrine ? S'il sont là, il seront sur la photographie. Arrêtons de nous prendre pour des figures de la mode multi-retouchées jusqu'à la perfection excessive et outrancière et acceptons la réalité des choses sans la travestir. A défaut, toute correction peut être effectuée avant la prise de vue. Les fabricants de maquillage en ont fait leur business, ce n'est pas au photographe de leur casser le marché. Avec ou sans photoshop, ce sera toujours une erreur de tenter de ressembler à une icone de publicité pour du yaourt ou du dentifrice. Le miroir chaque matin vous ramènera à vos complexes.
Les photographies de groupe sont également les déclencheurs infini de querelles. Il y a toujours une personne absente qui tente de convaincre de la nécessité de se faire ajouter sur le cliché. A ceux là je répond :
- Si tu veux être sur la photo, il fallait être là pour la prise de vue.
Quant à ceux qui voudrait finalement n'y point figurer, il fallait y penser avant que le doigt du photographe n'actionne le déclencheur.