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jeudi 20 avril 2017

Exposition "Carnet de notes"

Affiche de l'exposition

Généralement, les ratés photoshop se limitent aux publications internet des particuliers et plus rarement aux magazines populaires. Il est en revanche plus rare d'être confronté à un photoshopeur du dimanche dans une exposition d'un centre culturel. Pour l'humour involontaire, je vous recommande l'exposition "Carnet de Notes", regroupant six photographes burkinabè au Centre Georges Mélies de Ouagadougou, avec une salve d'applaudissements pour le commissaire d'exposition qui a laissé passer la série de clichés intitulée "Fosse ouverte à Saaba" d'un jeune photographe nommé Ibrahim Regtoumda. Autant le dire tout de suite, pour lui la note sera mauvaise.

Il pensait vraiment que personne ne remarquerait ?

© Ibrahim Regtounda, 2017
L'éclat de rire se trouve sur le mur de gauche de la Kfête, excellent lieu de restauration mais pour la qualité des photographies présentées, on repassera. Que dire de ce cliché dont manifestement plus de 50 % de la surface est une répétition monotone d'un même motif. Déjà que le sujet de départ n'a pas grand intérêt, si en plus il faut se farcir 60 fois la même motte de terre ! On se demande vraiment si cette image mérite une telle exposition. Même l'eau a été rajoutée, ce qui se devine aux bords flous de la berge. Sur le même mur, au moins trois autres clichés ont ainsi été massacrés à la truelle adobe. Nous sommes là face à un travail de débutant qui n'a pas encore atteint le niveau d'amateur.

Détails des zones qui n'ont pas été retouchées
Détail des zones qui ont été massacrées

Heureusement, les autres photographes de l'expositions font preuve d'honnêteté dans leur créations.

Après le fou rire que nous adresse Ibrahim Regtoumda, il est possible d'admirer les clichés de compositions esthétiques de Michel Zangré, intitulé "Nature", dont certaines sont assez remarquables. Son travail se trouve au font de la cour, sous la paillotte. En dépit d'un accrochage qui mériterait plus de soins, on prend plaisir à flâner devant ses photographies qui mettent l'accent sur de petits détails de la brousse burkinabè. Dans la salle de la rotonde, en face de la Kfête, on prendra également plaisir à parcourir un très bon reportage réalisé par Mohamed Ouédraogo sur les travailleurs de la carrière de granit de Pissy. Il s'agit là d'un regard à caractère social et humain que les tirages en grand format mettent particulièrement en valeur.

Tous ses photographes sont débutants, on sent les limites de leur matériels, probablement des optiques et des boitiers d'entrée de gamme qui manquent de piqué et obligent à pousser un peu trop les filtres de netteté pour compenser. Mais hormis le laborieux et médiocre photoshop des trous d'eau, l'exposition permet de mettre la lumière sur quelques uns des jeunes qui seront les photographes professionnels de demain au Burkina. Et certains d'entres eux ont un regard que je leur souhaite de développer dans les années qui viennent.

Exposition à voir jusqu'au 29 avril 2017 au Centre Culturel Georges Méliès de Ouagadougou.

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