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lundi 8 mai 2017

Les ruines de l'article 37

Ayant, comme tout citoyen burkinabè, vécu la fin du régime de Blaise Compaoré et du CDP, il m'a semblé important de fixer définitivement et avec un regard artistique les restes des bâtiments de l'Assemblée nationale après le passage des manifestants. J'ai prit soin d'attendre que la poussière et la colère ne retombent pour solliciter une autorisation de prise de vue qui me permettrais de déambuler librement dans les vestiges de la fureur citoyenne.

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/250 s
                  ISO 500

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/7.1
                  1/1 000 s
                  ISO 800

De ces jours de manifestations, de routes barrées, de foules humaines faisant face avec courage aux tirs de kalachnikov de militaires dévoués à leur chef à vie, mais n'y croyant déjà plus tellement, il demeure de nombreuses photographies ou morceaux de vidéos, souvent floues et tremblantes que les burkinabè ont partagés en direct sur les réseaux sociaux. Certains médias étaient là et ils ont également diffusés ces images amateurs. Tout ce contenu deviendra archives, si ce n'est pas déjà le cas.
Le reportage photographique que je présente ici intervient deux ans après les évènements. Au moment où la question du devenir de ces bâtiments endommagé se pose. Déjà, l'ancien hémicycle n'est plus accessible, les murs menaces de s'effondrer et le bâtiment a été muré pour éviter tout risque d'accident. Les locaux administratifs sont encore accessibles. Ils témoignent de la violence des incendies qui ont détruit les lieux. Les carcasses de véhicules calcinés encombrent encore la cour, à l'ombre de murs noircis par le fumée. Des bâtiments, il ne reste que le béton et un peu de tôles déformées, voire fondues par la chaleur. Dans certaines pièces, quelques documents encore lisibles sous une couche de poussière fine. Mais le plus souvent, dans les pièces du rez de chaussée, il faut pour avancer s'enfoncer dans vingt centimètres de cendre grise et fine.
Tout est noir et blanc, à l'exception, dans les étages, des sécurités incendie dont le rouge vif nous rappelle qu'il s'agit là de photographie en couleurs. Durant toute la prise de vue, je suis escorté par un policier particulièrement bienveillant sur ma sécurité tout en me laissant me déplacer à ma guise dans ce décors d'apocalypse.

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/8
                  1/6 s
                  ISO 500

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 24 mm
                  f/13
                  1/250 s
                  ISO 400

Ouagadougou, le 23 mars 2017
                  CANON EOS 60D / CANON EF 24/105 mm f/4 L IS USM
                  Distance focale : 28 mm
                  f/14
                  1/50 s
                  ISO 400


Dans le passé, j'ai connu ces lieux, vivants et entretenus, avant que ne passe la colère populaire face à un article 37 qui n'aurait pas du être modifié. Il en reste pour l'histoire et les archives ces clichés de rouille et de suie, dans le silence des bâtiments éventrés, en plein centre de Ouagadougou. Une ruine qui finira par s'effondrer si elle n'est pas réhabilitée et qui nous rappellera, à toute fin utile, que la démocratie ne se négocie pas et qu'à trop la maltraiter, le résultat n'est jamais glorieux pour les coupables.

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