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mercredi 4 mai 2016

La beauté des pylônes électriques

Certains objets sont naturellement photogéniques. C'est par exemple le cas des bicyclettes. L'objet en lui même est esthétique, les bureaux d'étude où ils sont dessinés inclus des designers et même si la forme générale évolue peu, leur look suit la mode et s'exhibe lors des épreuves sportives.
D'autres objets ont généralement la réputation d'une grande laideur. Ils abiment les paysages et rien n'est fait pour les rendre beau tant leur fonction et leur aspect technique prime sur l'esthétique. Les pylônes électrique et les antennes radar ont pourtant un rendu majestueux en photographie. J'ai pu le vérifier partout où je suis passé. La structure métallique brute de leur assemblage, semblable à des squelettes d'insectes gigantesques dressée à la vertical, donne souvent à mes yeux de l'intérêt pour des paysages qui sans cela passeraient inaperçus. C'est quelque chose de paradoxale. Dans la nature, ils n'ont rien de beau et ne sont jamais à leur place, il sont même de trop, mais sur une photographie, en arrêt sur image, ils habillent l'espace et donnent une structure au cadrage.

Antenne relais quelque part dans le nord de la France

Il y a quelques années, je photographiais les infrastructures ferroviaires lorsque je me déplaçais en train. Puis j'ai fait la même chose le long des autoroutes et nationales françaises. Plus récemment, j'ai poursuivi cette série en Afrique de l'Ouest. Ces bouts de ferraille nous montrent à quel point l'homme a conquis chaque espace de la planète, y répandant ses ondes et son énergie électrique au pied des habitations du moindre village où au milieu du bout du monde, en pleine brousse comme en plein désert.

Dans les environs de Marseille, août 2006

En allant à paris, par la gare de Lyon,juillet 2005

Entre Fréjus et Paris, août 2006
 Lors de la traversée du Sahara, en longeant la Côte Atlantique, les kilomètres étaient rythmés par le défilement des antennes radar, uniques formes verticales, uniques arbres à pousser si haut, les pieds dans le sable et balayés par les vents abrasifs du désert et corrosifs de l'océan. Parfois, à l'approche d'une zone d'habitations apparaissaient une ligne de pylônes électriques


Entre Ouagadougou et Boromo, Burkina Faso, le 11 novembre 2005

Quelques kilomètres au nord de Nouakchott, Mauritanie, le 14 avril 2009

Le moche peut apparaître beau à la condition de savoir le regarder et pour qui ne l'a pas continuellement sous les yeux. Je n'imposerais pas aux habitants à proximité de ces pylônes d'y voir le moindre intérêt esthétique, eux qui sont sans doute d'avantage préoccupés par les nuisances qui leur sont imposées par le progrès... D'autant qu'en Afrique de l'Ouest, le passage d'une ligne à très haute tension n'est pas une garantie d'un raccordement au réseau électrique. On peut ainsi subir les inconvénients sans même tâter des avantages.

Entre Niamey et la frontière burkinabè, le 13 août 2010
Près de Houndé, Burkina Faso, le 29 avril 2012
Zawara, Burkina Faso, le 6 février 2016

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