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mercredi 1 mars 2017

word press photo 2017

Chaque année, le résultat du concours word press photo est attendu par tous les acteurs de la profession. Chaque année, il frappe fort là où on ne l'attend pas vraiment. Et chaque année, il traine derrière lui son lot de protestations, scandales ou désapprobation. généralement, les photographes eux-mêmes s'insurgent contre les choix du jury. Soit que la photographie ne soit jugée trop retouchée (Paul Hansen en 2013) où trop mise en scène, voir truquée (Giovanni Troila en 2015)...

© Burhan Ozbilic, 2017


Cette année, grande innovation, il s'agit d'une protestation politique. Autant dire qu'il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau. Qui se soucis en effet de savoir que la Russie ou la Turquie désapprouvent l'excellent cliché du photographe Burhan Ozbilici, montrant l'assassin de l'ambassadeur russe juste après l'accomplissement de son crime. Les journalistes, les photographes et le Word Press photo n'ont pas à prêter la moindre attention aux (arrières) pensées, donc très arriérées, de quelques-uns des dictateurs de la planète. En revanche, ils ont à rendre compte de la réalité des faits, avec professionnalisme et efficacité. Et tout cela est réuni dans le cliché primé cette année.
La rigueur du cadrage est exemplaire. Surtout si on se replace dans le contexte de prise de vue ; une fusillade nourrit dans une salle bondée de monde. Un cadavre encore chaud et la menace d'une mort imminente pour toutes les personnes présentes, y compris le photographe lui-même. Pourtant, la prise de vue reste exemplaire. L'image produite, fidèle dans les moindre détails à la réalité, n'en est pas pour autant vulgaire ou arrogante comme il serait facile de la faire avec un tel évènement : le visage de la victime est dissimilé par son corps, le sang n'est pas visible, bref toute la cruauté du crime nous est épargné sans rien travestir de l'action en cours. Il s'agit là d'une rare et puissante maîtrise du travail journalistique de la photographie qui mérite amplement la reconnaissance de la profession.
Certes, on entendra que montrer un cadavre est révoltant, mais la manière dont il est exposé à nos regard est respectueuse de la victime. Certes on trouvera des idiots, jusque dans l'ambassade de Russie à Ankara, pour s'offusquer de la mise en avant du criminel, mais effacer les salauds ne les rendra pas invisible ni inexistant. Certes le photographe n'a fait que se trouver au bon endroit au mauvais moment, mais peu de professionnel, soudainement plongé sans s'y attendre dans pareille situation n'aurait su si bien accomplir leur travail. Car, je site Burhan Ozbilici lui même au lendemain de la prise de vue “Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qui s’est passé. Un homme est mort devant moi. Je suis terrorisé et confus mais je parviens à m’abriter en partie derrière un mur et je fais mon job : prendre des photos

Et si les autorités russe ou turque ne sont pas d'accord, ils en ont le droit tout comme nous avons le droit de ne pas nous préoccuper de leur opinion dès lors que nous ne sommes pas citoyen de l'une ou l'autre de ces dictatures.

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